Tout d’abord, ce spectacle terriblement bien écrit et sans temps mort continue de raconter l’histoire de la Maria et de son benêt de fils au rythme de saynètes qui, elles, peuvent se déguster comme des sketches à part entière. Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet usent à merveille de cette double lecture, surprenant toujours leur public tout en conservant les ingrédients puisés depuis vingt ans dans un rural caricaturé et la vie de tous les jours. D’un Staying Alive enflammé à une partie de scrabble épique où Christian pose « maman avec le “n” de dragon », du bord de mer où l’irascible mamie surfe pendant quatre heures à la tombe familiale où l’on se console avec des champignons, le scénario perlé multiplie les situations burlesques sans aucun souci d’enchaînement.

Les nombreux thèmes abordés, quelquefois d’actualité brûlante comme, par exemple, l’affaire Closer , ne limitent pas les Bodin’s à de la dérision ou d’hilarantes envolées. Alzheimer et la mort font aussi partie du décor ; l’illettrisme et l’impossibilité de communiquer, deux notions magnifiquement incarnées par Jean-Christian Fraiscinet, sont même essentiels à ce Retour au pays. On rit beaucoup, mais pas seulement, on ne s’ennuie pas une seconde et c’est donc très fort.

L’efficacité des Bodin’s réside notamment dans l’énorme performance du duo de comédiens. Photo Didier Taberlet