Les Bodin’s antistress

Le Courrier de l’Ouest

29 novembre 2015

Le Courrier de l’Ouest

9 000 spectateurs en trois jours : Les Bodin’s « grandeur nature » font un tabac depuis vendredi soir.


JPEG - 580.8 ko

© Le Courrier de l’Ouest

Voilà un spectacle qui devrait être remboursé par la Sécu, ou le Ministère de l’Intérieur c’est selon. Un antidote au stress ambiant, un contrepoison à cette funeste fin d’année 2015. Mine de rien, les « Bodin’s grandeur nature » nous offrent tout le week-end à Amphitea une parenthèse enchantée, un exutoire salutaire.

Mais attention, à une seule condition : qu’on laisse ses a priori au vestiaire et qu’on retrouve un tant soi peu son âme d’enfant, insouciante et… bon enfant justement.
Le décor du spectacle, pourtant hyperréaliste (il reconstitue quasi à l’identique une fermette sans âge de nos campagnes, et on salue au passage la prouesse technique), nous emmène déjà ailleurs, dans un autre monde loin très loin des gaz d’échappement urbains et de nos sacro-saints bilans carbone. Le pays des Bodin’s, ce serait un peu celui des Deschiens à la campagne, avec les mêmes toiles cirées qui rebiquent aux coins et les mobylettes qui démarrent quand ça leur chante.

Un bouc érotomane qui s’appelle… DSK !

Bizarrement, les deux troupes de saltimbanques n’ont pas la même aura auprès de l’intelligentsia parisienne.

Alors que celle de Jérôme Deschamps fut en son temps la coqueluche des bobos de Canal+, nos zozos tourangeaux ont mis longtemps à avoir accès à l’étrange lucarne (comme on disait autrefois dans nos campagnes). Ils sont quand même
à force devenus des abonnés au Grand Cabaret de Patrick Sébastien, qui s’esclaffe et se délecte à chaque fois de leurs vannes improvisées, débitées façon mitraillette.
Faut dire que nos deux zozos en ont sous la pédale : Vincent Dubois, méconnaissable en mamie édentée et cassée en deux ; et Jean-Christian Fraiscinet, le fiston benêt, mais benêt !… ressuscitent au passage le vieux tandem de l’auguste et du clown blanc, celui de Laurel et Hardy aussi, et même de Funès et Bourvil dans « La grande vadrouille ».

Avec eux, dans la cour de leur ferme, ça vanne à tout va. Leur bouc érotomane, dans la grange, s’appelle DSK, le coq-don Juan c’est François, et le cochon exclu de la porcherie tellement il dégueulasse tout, ils le nomment Jean-Marie. Fous rires garantis.

Alors, bien sûr, vous en trouverez toujours pour dire que cet humourlà a des relents de poujadisme, et que les parfums de Clochemerle qu’il dégage sont complètement d’un autre âge. C’est sans doute un peu de vrai aussi. Mais une chose est sûre : comme le disait vendredi Vincent Dubois au moment du salut final, en justaucorps noir au milieu de la troupe, on a bougrement besoin par les temps qui courent de ces moments « d’amitié et de fraternité », sans arrière-pensée. Rien que pour ça, les Bodins : respect !

9 000 spectateurs en trois jours : Les Bodin’s « grandeur nature » font un tabac depuis vendredi soir.