“Les Bodin’s ne sont pas dans l’air du temps”

Le Dépêche

5 novembre 2014

Le Dépêche

Ils pourraient s’appeler “Les Inconnus” tant leur notoriété médiatique est aussi ténue que leur succès populaire est grand. Les Bodin’s promènent pourtant depuis 20 ans leurs personnages à la Deschiens sur toutes les scènes de France. Avec succès. Vendredi (1), ils se produisent dans « Retour au pays », un spectacle qui a attiré 300 000 spectateurs depuis trois ans, lors de la Semaine du rire. Deux mots avec Jean-Christian Fraiscinet, l’un des deux larrons.


© Photo Alain Fouquet.

Qui sont ces Bodin’s et que raconte « Retour au pays » ?

Ce sont deux personnes un peu rustres. Maria, une vieille paysanne coriace de 87 ans qui perd la boule, et son fils, Christian, qui vit toujours dans les jupons de sa mère. Quand il part travailler à Paris, sa mère se sentant vieillir essaie de le faire revenir en jouant la malade d’Alzheimer.

Cette France rurale que vous décrivez à travers eux existe-t-elle encore ?

De moins en moins. Mais les gens ont envie de ça. Les gens partent, s’exilent, reviennent au pays. Cette femme nous rappelle notre mamie, notre enfance et le parfum de l’enfance, ça parle à tout le monde. Avant tout, il s’agit des relations entre une mère et un fils.

Le public réagit-il différemment selon que vous jouez ce spectacle à Paris ou en province ?

Non parce que Paris est peuplé de provinciaux. Notre spectacle est très léger, on y croise des enfants de 7 ou 8 ans comme des mamies de 85 ans.

L’autonomie des personnes âgées, la transmission des exploitations agricoles… ce sont des thèmes inhabituels pour des comiques, non ?

Nos personnages ne sont pas dans l’air du temps. On n’est pas dans le stand-up, il s’agit plus d’une pièce de théâtre. C’est peut-être pour ça qu’on dure, parce que les gens s’attachent à ces personnages qui évoluent avec le temps : on les confronte à la modernité.

Quel regard portez-vous sur les comiques d’aujourd’hui dont l’humour repose avant tout sur la vanne ?

On ne fait pas la même chose. La petite vanne, ce n’est pas notre manière de fonctionner. ça manque peut-être un peu de profondeur. Nous avons une approche plus en sensibilité.

Comment expliquez-vous votre manque de notoriété malgré 20 ans de carrière ?

Il y a peu de médiatisation mais un succès durable et beaucoup de bouche-à-oreille auquel s’ajoute celui d’internet où nous postons des petites choses. Et on vend 200 000 DVD par spectacle.

Carcassonne, ça évoque quoi, pour vous ?

Un fou rire incroyable. On était venus présenter notre premier film et dans un petit restau de la Cité, il y avait un chanteur réaliste qui nous chantait sous le nez.