Les Bodin’s : retour par chez nous

La Semaine

23 octobre 2014

La Semaine

Après plus de 3 ans de triomphe à Paris et en province et plus de 300.000 spectateurs, le spectacle “Retour au pays“ revient en Lorraine. Entretien avec le comédien Vincent Dubois alias “Maria”, la mère poule, à l’origine de cette fable populaire.


Comment est né votre duo franchouillard ?

Le personnage de la Maria Bodin a été créé il y a 25 ans. Au départ j’étais chanteur-guitariste dans des cabarets et au fur et à mesure j’ai commencé à poser ma guitare et à parler un peu plus au public pendant les entractes. J’ai fait naître des personnages inspirés de gens croisés dans la campagne Tourangelle durant mon enfance. Je me suis rendu compte que le public venait plus pour écouter mes sketches que mes chansons. Maria Bodin est née à cette époque et c’est rapidement devenu un spectacle en solo. C’est en suite la rencontre avec Jean-Christian (alias Christian) qui nous a permis de créer le duo mère-fils. Ça a commencé par quelques improvisations sur scène et notre complicité dans l’écriture des sketches a concrétisé ce duo. Lui aussi avait vécu une enfance heureuse à la campagne aux côtés de personnages comme les Bodin’s.

Comment ont évolué vos personnages à travers cette saga ?

Le premier spectacle évoque la relation mèrefils entre cette vieille bonne-femme un peu acariâtre et veuve qui a gardé son fils dans ses jupons. Lui c’est un Tanguy des campagnes qui n’arrive pas à quitter sa mère.

Le concept semblait limité alors on l’a fait évoluer pour la suite des spectacles. Christian rencontre sa voisine, la Claudine et un mariage est arrangé par Maria. La cohabitation de ces trois énergumène est difficile. Le couple s’échappe donc vers la Capitale pour y vivre dans un petit appartement et fuir la mère.

Leur confrontation avec la modernité va rendre la situation épineuse. Dans le dernier spectacle “Les Bodin’s, retour au pays”, la Maria s’ennuie sans son fils. Elle va simuler une maladie d’Alzeimer pour qu’il revienne s’occuper d’elle à la campagne. En tout, déjà 6 spectacles ont évolué sur scène au travers de ces personnages ainsi que 2 longs métrages sortie au cinéma et en DVD.

Difficile de rentrer dans le personnage de la Maria ?

La difficulté pour moi est surtout l’aspect physique avec cette posture à 90 degrés.
Ça me demande une bonne forme physique et de m’entretenir quotidiennement. Pour ce qui est de l’incarnation du personnage, j’ai déjà un accent du cru de part mes origines et une tendresse naturelle pour les anciens.
Après 25 ans, c’est devenu une seconde nature.

Les nouveaux moyens de communication tels qu’Internet et Youtube en particulier ont contribué à votre succès ?

C’est incontestable. Nous avons fidélisé un public qui s’attache à nos personnages depuis de nombreuses années mais c’est pas suffisant pour perdurer. La rencontre avec Jean-Pierre Bigard en 1999 (frère de Jean-Marie), directeur du Palais des Glaces, qui nous a produits pour l’aventure parisienne, a été une phase importante du succès. Mais c’est bien le phénomène “Face de bouc”, extrait de notre spectacle “Retour au pays”, mis en ligne à l’époque sur Internet par les
filles qui travaillaient au Palais des Glaces, qui nous a permis d’être connus et reconnus par un large public. En une semaine cette vidéo à fait 1 million de vues et elle est actuellement à plus de 6,5 millions de vues.

“Retour au pays”, c’est la fin d’une aventure ?

Actuellement, on est en écriture d’un autre spectacle, toujours avec les Bodin’s. On est déjà à 4 ans de tournée avec celui-ci et plus de 350 000 spectateurs. Ça se termine avec 4 dates à l’Olympia de Paris en février 2015. Et après, c’est reparti pour une nouvelle aventure.

Que nous dirait Maria au sujet de la presse régionale ?

Dans un de nos spectacles, Maria tourne les pages d’un journal régional et s’exclame “Oh, ils ne m’ont pas mis les morts ce matin, je vais passer une sale journée.” On profite aussi de l’actualité politique présente dans les journaux pour s’en amuser dans nos spectacles. Dans les dernières dates, on fait un aparté par exemple sur le livre qu’a sorti Valérie Trierweiler sur François Hollande.

“Valérie a réglé ses comptes, il lui en a fait baver quand elle était cocue, elle a dû être hospitalisée la pauvre. Mais cocu c’est pas une maladie sinon le jour où tous les cocus vont être hospitalisés, on va manquer de brancards.

On vit dans un monde de cinglé. Je suis pas contre le statut de la première dame de France, ni contre le mariage pour tous mais les deux cumulés, on n’est pas à l’abri de se retrouver un jour avec une première dame qui portera une belle paire de loukoum sous la djellaba.” Maria, c’est vraiment le bon sens des petites gens qui parlent pour tous.

Propos recueilli par F. Scholl (C.L.P)