Elle en donne du fil à retordre à son fiston, la vieille Maria ! L’acariâtre octogénaire – inspirée d’une vraie paysanne croisée en Touraine – n’a pas dit son dernier mot quand on la place dans une maison de repos contre son gré. Pour récupérer son fils Christian exilé à Paris avec sa famille, elle décide de lui léguer sa ferme. Un « beau geste » qui fait vite figure de cadeau empoisonné…

Voilà plus de 20 ans que la mère et le fils se crêpent le chignon sur les scènes françaises. Pourtant, chez nous, qui les connaît ? « Presque personne et c’est normal. On ne fait pas de pub, c’est du bouche-à-oreille et ça fonctionne », analysent les deux compères, Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet.

C’est d’ailleurs de cette manière qu’ils remplissent, depuis janvier, tous les Zéniths de France où ils se produisent. Une cinquantaine de salles est prévue jusqu’à fin avril : à raison de 3 000 à 3 500 spectateurs par événement, faites le compte… « On fait des dédicaces entre Mylène Farmer et Yannick Noah, et il y a des directeurs de Zéniths qui ne savent même pas qui on est », sourit Jean-Christian, le « fils ». « Du coup, on a les avantages des stars sans les emmerdements qui vont avec », renchérit Vincent, méconnaissable sans sa robe, son tablier et son fichu.

25 000 spectateurs en juillet

Ce succès populaire, bien que peu médiatisé, s’est notamment construit en pleine campagne. Depuis dix ans, entre Tour et Poitiers, une ferme désaffectée accueille chaque été 25 0000 spectateurs en trois semaines et une vingtaine de représentations. « C’est notre spectacle d’été, Les Bodin’ s grandeur nature, précise Vincent avec une modestie qui cadre bien avec son personnage. On y joue Maria et Christian avec une dizaine d’autres comédiens. On loue cette ferme inoccupée pendant trois mois et on y aménage poulailler, potager etc. Les spectateurs sont dans la cour, le facteur arrive à vélo, il y a des voitures, un feu d’artifice… »

Et c’est sold-out dès la mise en vente des places, un an à l’avance. Les gens viennent de toute la France en car. Surréaliste… « C’est une de nos grandes fiertés ! » On l’imagine.

Juste après les Ch’tis

Autre fait d’armes des Bodin’ s : ils ont réalisé le deuxième film le plus rentable de l’histoire du cinéma français, après Bienvenue chez les Ch’tis. C’était en 2008, Mariage chez les Bodin’s : « Un film tourné en six jours, caméra à l’épaule, dans le style Strip-Tease, avec une dizaine de personnes. » Bilan : 150 000 spectateurs pour un coût dérisoire de 90 000€. D’où le rapport impressionnant entre budget et nombre d’entrées.

Plus de 6 millions de vues

Encore un record ? On peut évoquer leur sketch Face de bouc, que l’on retrouve dans leur dernier spectacle Les Bodin’ s, retour au pays. Plus de 6 millions de vues sur YouTube. « Jamais un extrait de spectacle de théâtre n’a été autant vu sur le net », affirme Vincent. Maria y explique à son fils les cours « d’internet » qu’elle suit dans son home. Une subtile façon de mettre les Bodin’ s dans le coup et de donner un côté terriblement humain à ces caricatures de petites gens. Par le rire, ils assènent quelques vérités bien piquantes sur les relations intergénérationnelles. Et ça fait du bien.