Accent paillard et humour frais du terroir. Depuis presque vingt ans, Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet se glissent dans la peau de leurs personnages fétiches, les Bodin’s. Maria Bodin et son fils Christian vivent simplement, dans une ferme avec leurs animaux. Duo de provinciaux au langage châtié et au bon sens paysan, les Bodin’s vivent des aventures étonnantes qui les révèlent à la fois risibles et attachants. Rencontre avec Jean-Christian Franscinet.

Comment êtes-vous devenus ce couple burlesque détonant ?

En fait, avant de se rencontrer Vincent et moi, on a eu deux parcours très différents. Vincent était dans la chanson, et entre ses tours de chant il intercalait des sketchs dans lesquels il incarnait le personnage de Maria Bodin, qu’il avait inventé. Moi, j’avais un parcours plus classique, j’avais fait le conservatoire de théâtre. On s’est rencontré sur un festival de théâtre, et on a décidé de bosser ensemble. Après ça, on a pu déplier ces deux personnages sous toutes les formes possibles, internet, télévision, théâtre…

Dès le début on s’est attaché à les faire évoluer. On les connaît de mieux en mieux et au fur et à mesure des représentations, tout ça s’affine. On crée et raconte leur histoire, on les invente, finalement, au fur et à mesure.

Cette année vous écumez les Zénith de France avec votre spectacle « Les Bodin’s grandeur nature ». Ce n’est pas un spectacle récent, si ?

Non. En fait, ce spectacle, nous l’avons construit comme un spectacle de plein air à l’origine. On le jouait tous les étés dans une véritable ferme en Touraine, sur la commune de Descartes. On avait 25.000 spectateurs à chaque fois. Cette année, on fête ses dix ans. Alors pour marquer le coup, on a décidé de l’adapter pour les Zénith et de partir en tournée.

Donc vous emmenez la ferme avec vous ?

C’est ça. On reconstitue entièrement la ferme sur scène. C’est la première fois qu’on mène un projet aussi ambitieux techniquement. On a douze semi-remorques, des animaux, et il y aura huit personnages sur scène.

Votre tournée a été prolongée jusqu’à avril 2017. Comment expliquez-vous ce soudain succès national ?

Cela n’a pas été si soudain que ça. On a construit tout ça très lentement, essentiellement avec du bouche-à-oreille, et le public est venu grossir les rangs d’année en année. C’est vrai qu’il y a eu un engouement pour nos spectacles dernièrement. On a la chance de travailler avec des gens qui sont la crème des techniciens et artistes présents en France. Et ces gens-là sont très heureux de travailler avec un spectacle un peu hors norme comme le nôtre.

Des coqs au sobriquet présidentiel, des chèvres au nom des premières dames de France. C’est un spectacle engagé ?

Non, pas vraiment. C’est vrai que les Bodin’s s’amusent à baptiser leurs animaux du nom d’un homme politique ou d’un people. Ils ont leur mot à dire sur la politique. Mais on ne peut pas dire qu’ils prennent parti pour autant. Maria a le langage fleuri, et elle tire sur tout ce qui bouge. Sur tous les partis.

Ce sera la première fois que vous venez à Clermont ?

Non, on est venu très souvent dans la région. En fait, on a pris l’habitude de venir roder nos spectacles à la Baie des Singes. »