Dans les coulisses de la folle logistique des Bodin’s

Ouest-France

1er avril 2016

Ouest-France

Les Bodin’s, en tournée avec leur spectacle humoristique Grandeur nature, affichent complet pour les quatre soirs de représentation à Alençon (Orne), comme dans toutes les autres villes où ils passent dans les mois qui viennent. En amont, la reconstitution en taille réelle de la ferme et la mise en scène nécessitent deux jours de travail et dix semi-remorques… Nous nous sommes glissés dans les coulisses de cette grosse machine.


« Attendez deux secondes, le temps de lever la rampe d’éclairage. » Dans la salle du parc Anova, à Alençon (Orne) les techniciens se démènent avant les quatre représentations du spectacle des Bodin’s, Grandeur nature. Près de soixante personnes sont à l’œuvre pour monter le décor : une ferme… grandeur nature !

« C’est un dispositif à 360 degrés qui nécessite 36 heures de réglages », indique le directeur technique, Jérôme Putinier, toujours en alerte sur le moindre incident logistique. Car jouer une comédie de 2 heures 20 avec un tel décor ne s’improvise pas. « Il est particulièrement conséquent. Sa conception a nécessité environ un an pour être adaptable dans les Zénith de France. » Ainsi que dans les salles plus petites. Le point faible de celle d’Alençon ? « Il n’y a qu’une porte pour faire entrer tout le contenu des dix semi-remorques. Il faut de l’organisation ! »

Familiarisés au montage, les décorateurs ajustent les éléments. Après la grange et son étable, l’habitation avec la chèvrerie, le potager est la cible des attentions. La mare doit être calée au centimètre près, au milieu de la paille et les tapis de verdure. « On va placer l’élément 10 avant le 11 », lance le régisseur plateau à ses collègues. Tout se joue dans les détails, jusque dans l’intérieur du poulailler.

Il y a même des « odeurs d’ambiance »

L’objectif, c’est que le décor soit réaliste, que « les gens soient dans la cour des Bodin’s ». Et, pour cela, la zone de chaises a été oubliée afin que les comédiens « jouent au pied des gradins ». Avec un travail sur la perspective, des « odeurs d’ambiance » et un écran vidéo de 26 m de large, Jérôme Putinier a aussi usé de quelques astuces « pour tromper le sens et l’œil du public ».

À l’autre bout du plateau, le chariot de la machine à fabriquer le fromage attend d’être intégré dans le décor. Mais il va falloir attendre. La carte d’alimentation d’un projecteur a grillé. Pour les éclairagistes, il faut répondre au plus vite à ce contretemps. Certains en profitent pour prendre quelques instants de pause. La pression retombe dans la ruche humaine.

Les 400 mètres carrés de décor prennent forme et la similitude avec la ferme de Descartes (Indre-et-Loire), que le duo déjanté a fait connaître, devient plus qu’évidente. Ce jeudi soir, Maria et Christian, accompagnés d’une pléiade d’animaux, vont faire vibrer l’ensemble de leur rire contagieux. Les hommes de l’ombre, eux, bénéficient d’un répit avant le démontage, dès dimanche soir.

Jérôme Putinier, au centre, veille à éviter le moindre incident logistique. Il a déjà travaillé pour d’autres spectacles comme Notre-Dame-de-Paris.
La mare est calée au centimètre près.
Le spectacle humoristique des Bodin’s impose une énorme logistique.
Chaque détail du décor est soigneusement disposé.
Il faut transvaser le contenu de dix semi-remorques sur la scène…
La ferme prend forme peu à peu.
Le dispositif scénique, à 360 degrés, nécessite 36 heures de réglages.
Jouer une comédie de 2 heures 20 avec un tel décor ne s’improvise pas.
Pour la tournée « Grandeur nature », les comédiens évoluent dans un décor de la ferme, reconstituée en taille réelle.

Par Bastien Bocquel