Les Bodin’s partent en vrille : « on aime partir d’un sujet sérieux et le traiter avec humour »
Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet présentent leur film en avant-première à Amiens, Beauvais, Montataire et Compiègne du 13 au 15 février. Ils évoquent leurs 30 ans de carrière.
Le pitch : Quand Maria Bodin, fermière autoritaire et revêche, et son fils Christian apprennent qu’une usine de fromage industrielle s’apprête à s’installer dans leur petit village touché par la désertification rurale, ils sont prêts à tout pour défendre leur fromagerie artisanale. Du Salon de l’Agriculture au désert marocain, ils ne reculeront devant rien pour faire capoter ce projet d’usine.
À part les paysages désertiques dans la bande-annonce et une tête de chameau à lunettes avec un bandeau rose sur le crâne ayant des faux airs de Maria Bodin sur l’affiche, que pouvez-vous nous dire de plus sur votre nouveau film ?
Il a été tourné au Maroc et en France dans le village des Bodin’s de Pouziou-lès-trois-Galoches et au Salon de l’agriculture à Paris. Sous l’humour de cette comédie transparaît un sujet sérieux : la désertification des villages de province et les commerces ou les bistrots qui y ferment. Comme dans beaucoup de nos sketchs, on aime partir d’un sujet sérieux et le traiter avec humour.
Avez-vous une anecdote de tournage ?
Le dresseur du dromadaire que Maria a chevauché pour les scènes au Maroc, nous a dit que la dernière personne qui avait été dessus, n’était autre que… Brad Pitt. Il existe en effet à Merzouga, aux portes du Sahara, une société spécialisée dans les tournages et qui travaille souvent avec les productions américaines.
Vous aviez tourné votre précédent film en Thaïlande – 1,7 million de spectateurs en 2021 – avec le même réalisateur Frédéric Forestier. Comment définiriez-vous son style ?
Le courant est tout de suite passé avec lui et nous avons écrit ensemble les scénarios de ces deux films. C’est un bon directeur d’acteurs et il a une vraie science de la comédie d’aventures avec du rythme et des courses-poursuites au milieu de la foule. Il nous a une fois de plus demandé de réaliser certaines cascades, comme celle où le fils Bodin se retrouve sous le dromadaire en pleine vitesse, et nous nous sommes sentis parfois comme des apprentis Belmondo !
Vous êtes à l’origine de vos textes au cinéma et sur scène. La manière d’écrire et de jouer est-elle différente ?
Oui, on peut dire que ce sont presque deux métiers différents. Dans l’écriture au cinéma, on peut faire des envolées dans différents endroits, faire des retours en arrière et la construction est très différente d’un sketch pour la scène. Pour le jeu dans les salles, on est obligés de porter la voix pour être entendus au fond, alors que devant une caméra on peut, par exemple, chuchoter à l’oreille de son partenaire.
Depuis trente ans, vos personnages et vos textes ont-ils évolué ?
Oui par la force des choses, car on n’écrit pas un spectacle de la même façon à 30 ans ou aujourd’hui à 60 ans. Moi qui joue la grand-mère, ma vie personnelle a changé et je suis devenu grand-père et j’ai donc une autre vision de ce qui m’entoure et que je veux évoquer avec Jean-Christian dans nos textes. Nos personnages ont aussi évolué car le fils est toujours aussi nigaud, car il y en a toujours un dans les couples de comédie, mais il se rebiffe de plus en plus au fil des années. Il y a toujours un bourreau et une victime, mais finalement ils s’aiment beaucoup, comme Bourvil et De Funès dans La Grande Vadrouille.
Comme vous l’avez déjà fait dans un film en évoquant le suicide d’un agriculteur, allez-vous continuer à évoquer les difficultés du monde agricole ?
Oui, toujours à notre façon, car nous habitons dans des villages de campagne où nous échangeons souvent avec des agriculteurs qui évoquent leurs problèmes. On peut davantage faire passer en filigrane des messages dans des textes comiques. En tout cas, on ne revendique rien, mais on parle de sujets qui nous touchent et chacun est libre d’interpréter nos textes comme il le veut
Depuis vingt ans, tous les étés, vous jouez avec six autres comédiens dans une vraie ferme « Les Bodin’s grandeur nature ». Pourquoi dites-vous que c’est un spectacle à part ?
Parce que nous le jouons sur notre terre tourangelle et qu’il n’y a pas beaucoup de spectacles d’humour qui se déroulent en plein air sur le modèle du son et lumière. Nous l’avons même adapté dans les Zénith avec des décors et des animaux, le tout dans dix semi-remorques grâce au travail de 60 techniciens. Il y a même sur scène des diffuseurs d’odeur de campagne. Après déjà 512 Zénith dans toute la France et 2 millions de spectateurs, nous referons une tournée de ce spectacle de septembre à décembre 2025 pour fêter nos trente ans de carrière.
Comment est né votre duo ?
Avant qu’on se connaisse, Vincent faisait déjà Maria Bodin et moi aussi des sketchs de mon côté. Au début des années 90, lors d’un festival d’humour à Villard-de-Lans auquel on participait chacun de notre côté, les organisateurs ont tiré au sort les comédiens pour qu’ils réalisent une improvisation et la chance a voulu nous réunir. Cela a si bien matché qu’on est toujours ensemble.
D’où vient le nom de Bodin’s ?
Quand j’étais ambulancier, j’avais un jour aidé à se relever une dame qui était tombée de Solex. Elle s’appelait Maria Bonin, mais quand j’ai choisi le nom de mon personnage, j’ai trouvé que Bodin était plus dynamique phonétiquement. Le « s » et l’apostrophe sont inspirés de ceux des Ewing’s dans le feuilleton Dallas. On n’était pas vraiment dans la même saga familiale, mais bon… (Rires). Quant à la prononciation, les gens peuvent dire ce qu’ils veulent : « Bodins » ou « Bodinsse ».
En 2008, « Mariage chez les Bodin’s », qui bénéficiait d’une petite production, a été désigné le deuxième film le plus rentable. Celui qui va sortir est sorti notamment en partenariat avec M6. C’est une belle reconnaissance de votre travail, non ?
Oui, bien sûr. Les médias ne se sont pas intéressés à nous au début, on ne passait pas à la télé et finalement ça a été une bonne chose, car un succès trop rapide peut vite déstabiliser. Cela s’est fait pour nous progressivement grâce notamment à nos sketchs diffusés sur la radio Rires et Chansons et aujourd’hui encore on se considère comme des artisans de l’humour. Par exemple, à la fin des spectacles, on prend du temps pour aller au devant et parler avec nos « clients » que sont les spectateurs et auxquels on doit tout.
Avez-vous un contrat d’exclusivité avec M6 ?
Oui, pour la diffusion de nos films et de nos spectacles, mais cela ne nous empêche pas de jouer des sketchs sur d’autres chaînes. M6 nous a déjà confié deux émissions en prime time (Bienvenue chez les Bodin’s et Anniversaire chez les Bodin’s) et la troisième sera diffusée le lundi 17 février : Les Bodin’s en folie.