Dix lecteurs de La Montagne ont pu échanger pendant une heure avec les Bodin’s
La Montagne
« Ne vous gênez pas, on n’a quasiment rien à cacher ! » Les Bodin’s ont répondu aux questions de lecteurs de « La Montagne » , hier après-midi, avant leur spectacle. Rencontre avec Vincent Dubois (Maria) et Jean-Christian Fraiscinet (Christian) en toute décontraction.
Comment sont nés les personnages des Bodin’s ?
(Vincent) En 1988, alors que je chantais dans des cabarets, j’ai commencé à poser ma guitare et à faire parler des personnages que j’avais croisés pendant mon enfance à la campagne, en Indre-et-Loire. Je me suis aperçu que les gens venaient m’écouter chanter pour ce que je disais entre les chansons. C’est comme ça qu’est né le personnage de Maria. Il est inspiré de ma grand-mère et d’une vieille dame, Maria Bonin, que j’avais ramassée après un accident de Solex quand j’étais ambulancier. Ensuite, en 1993, il y a eu la rencontre avec Jean-Christian. On a décidé assez vite de faire un duo mère-fils. Cela permettait quelque chose de plus profond, d’universel.
Comment écrivez-vous les spectacles ?
(Jean-Christian) Tout le temps à deux. Pour le dernier spectacle, nous avons arrêté de tourner pendant six mois pour l’écriture et la mise en scène. Une fois qu’on est contents du scénario, on passe aux dialogues. Comme on connaît bien nos personnages, ce n’est pas le plus difficile de les faire dialoguer. La difficulté, c’est de surprendre les gens qui nous connaissent et d’être à la portée de ceux qui nous découvrent.
Vous intégrez des sujets d’actualité
(Jean-Christian). De plus en plus. Dans la bouche de Maria, c’est très efficace. Quand elle parle de Copé et Fillon ou DSK, c’est toujours très payant. Ça ancre nos personnages dans le présent, sauf les futals du fils Bodin qui sont effectivement de 1950…
Vous les trouvez où, ces vêtements ?
(Vincent) Chez Emmaüs et grâce à une costumière. Mais certains magasins parisiens, où nous trouvions des costumes, sont devenus très branchés. Une fois, on a dit qu’on venait chercher des costumes un peu ringards et le type nous a dit : « Mais il n’y a rien de ringard chez moi… » La boulette !
Pour vous maquiller, il faut beaucoup de temps ?
(Vincent) Pour la Maria, une heure. C’est un cérémonial, pour rentrer dans le personnage, dans la bulle de concentration. C’est un moment important.
Vous allez jouer à Florange, il y aura un clin d’’il à l’actualité ?
(Jean-Christian) En ce moment, on tourne « Les Bodin’s on the road » pour You Tube. On le fait dans la voiture, en fixant la caméra sur l’appuie-tête. Et justement, on parle de Florange, de la fin du monde qui n’a pas eu lieu en disant que la terre continue de se réchauffer et les hauts-fourneaux de se refroidir. Nos personnages disent tout haut ce que les gens pensent tout bas.
Il y a peu de mots en patois dans vos textes ?
(Vincent) Oui, on a beaucoup travaillé là-dessus. On est tous les deux originaires du Centre, mais si on veut aller jouer à Strasbourg et à Marseille, il faut que les gens comprennent ce qu’on dit. Les petites gens, l’âme humaine, c’est universel. Mais on s’est aperçu avec le buzz de Face de Bouc (un sketch parodiant Facebook, NDLR) que les Québécois sont très friands de toutes les expressions qui font notre griffe. Les journalistes nous demandent souvent si les gens de la campagne ne sont pas vexés par nos textes, mais en fin de compte ils reconnaissent leurs voisins dans nos personnages, jamais eux-mêmes !
Maria Bodin est très high-tech, puisqu’elle va sur Face de Bouc ?
(Vincent) Réunir dans les salles des spectateurs de tous les âges, c’est notre grande fierté. Il y a énormément d’enfants qui regardent les DVD en boucle et retiennent toutes les expressions. Et pour les anciens, voir cette mamie qui a une telle force de vivre, ça les rassure. On a aussi des ados, un public difficile mais à qui le côté rock’n’roll, rebelle, plaît beaucoup. Un jour, un élève de CE2 a dit à un jeune prof dont la braguette était ouverte : "Ferme donc les portes de la cave, les patates vont geler !" Le prof ne connaissait pas les Bodin’s, il s’est demandé d’où ça venait.
Comment gérez-vous votre succès ?
(Vincent) Cela ne s’est pas fait en un jour, on a commencé avec la camionnette. C’est l’antithèse de la Star Academy ! On est toujours épatés de tout ce qui nous arrive, mais on a les avantages des stars sans les emmerdements. On n’a pas de problèmes d’ego à régler, on ne fait pas ce métier pour être reconnu dans la rue.