Les Bodin’s font le Tour de France en BD : « Le public n’attend pas qu’on soit raisonnables, mais complètement barrés »

26 mai 2025

Les truculents personnages du Tourangeau Vincent Dubois et de l’Indrien Jean-Christian Fraiscinet se lancent dans une nouvelle aventure en bande dessinée, intitulée « Les Bodin’s font leur tour ». À cette occasion, les deux compères Bodin’s se livrent sur leur succès.


Voilà trente ans que Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet forment le duo Les Bodin’s et ça se voit. Interviewés chacun de leur côté, en raison d’agendas bien chargés, Maria et son grand dadais de fils parlent d’une seule voix. Quand il s’agit d’évoquer leur deuxième bande dessinée, en librairie à partir du 28 mai 2025, ils s’accordent, presque mot pour mot, à dire que « tout le mérite revient à Frédéric Coicault », le dessinateur, « un bon mec », « généreux et inventif », qui « connaît les Bodin’s presque mieux » qu’eux.

C’est d’ailleurs sa fine connaissance de leur univers qui a convaincu les deux acolytes d’accepter de se lancer dans la BD, après avoir refusé des dizaines de propositions. «  Il a été plus futé que les autres, il nous a directement envoyé des planches et on a tout de suite été séduits par son dessin et sa maîtrise de l’esprit Bodin’s  », rembobine le Tourangeau Vincent Dubois. « Et plus ça va, plus il se “ bodinise ” », abonde, en riant, l’Indrien Jean-Christian Fraiscinet.

Il s’agit de la deuxième bande dessinée des Bodin’s.

© Couverture éditions Jungle

« C’est un terrain de jeu incroyable pour nous »
C’est Frédéric Coicault qui, pour ce deuxième opus, leur a proposé de lancer les Bodin’s sur les routes du Tour de France. Alors que le « vieux garçon » Christian n’en peut plus de se lever tous les matins aux aurores « pour bosser comme un dingue […] pour trois francs six sous », sa mère, Maria, découvre dans le journal qu’une équipe de coureurs amateurs sera tirée au sort pour participer au Tour. À la clé, si au moins un coureur termine la course : une prime de 50.000 €. Comme l’équipe doit comporter quatre cyclistes minimum, le duo se rend au bar du coin et réussit à embarquer dans son aventure « un fumiste, deux boit-sans-soif » et le facteur.

La drôle d’équipe s’élance alors sur les traces des Mathieu Van der Poel, Geraint Thomas et Jonas Vingegaard. Pas de quoi effrayer l’acariâtre Maria qui ne voit pas ce qu’ils ont à craindre d’un gars « qui vend des poules, un autre des graines de tomates et un qui les accompagne avec du vin de garde ». Et qui a plus d’un tour dans son sac pour améliorer les performances de ses poulains.

« Ce qui est génial avec la BD, c’est que c’est un terrain de jeu incroyable pour des personnages comme les nôtres », reprend Jean-Christian Fraiscinet. Son camarade le complète : « Au théâtre, tout est pragmatique. Quand Maria doit faire un salto arrière, il faut que j’apprenne à le faire. Là, il n’y a pas de limites. Et c’est parfait parce que le public n’attend pas des Bodin’s qu’ils soient raisonnables, il attend de nous qu’on soit complètement barrés. » D’autant que cela infuse dans leurs autres créations – comme leurs spectacles à la ferme de Descartes (Indre-et-Loire). «  Ça nous ouvre des portes, se réjouit Vincent Dubois. Après, quand on écrit, on se souvient de choses qu’on a vues pour la BD. »

« Si on avait eu ce succès-là il y a vingt ans… »
Quoi qu’il fasse, le duo garde toujours un cap en tête : «  On ne veut pas que les Bodin’s deviennent Disney, en balançant des produits sur le marché pour faire de l’argent. On ne va pas sortir un film tous les dix-huit mois pour sortir un film tous les dix-huit mois, lâche Vincent Dubois. Les gens nous suivent sur tous nos projets. Ce succès, cette fidélité, on ne cherche pas à l’expliquer, mais à continuer à le mériter, à en être dignes. Nous ne voulons pas trahir les gens qui nous ont amenés là. »

S’ils concèdent que, parfois, ils ont regretté « certains choix d’émissions de télé », les deux compères sont persuadés qu’ils ont réussi à rester des artisans et à ne pas se trahir en raison de l’âge qu’ils avaient quand leur public s’est élargi. « Si on avait eu ce succès-là il y a vingt ans, on en aurait sûrement fait beaucoup moins bon usage », estime Vincent Dubois. Et Jean-Christian Fraiscinet d’ajouter, sans savoir qu’il poursuit la réflexion de son complice : «  Là, quand des gens viennent nous dire qu’ils sont reconnaissants parce qu’on leur fait du bien, qu’ils ont besoin de se distraire avec des choses légères, nous le prenons comme une responsabilité. »