En route pour 130 Zénith, les Bodin’s débarquent à Lille

La Voix du Nord

8 février 2016

La Voix du Nord

Le duo d’humoristes a entamé sa première tournée des grandes salles avec « Grandeur Nature ». Une pièce de théâtre hors normes, programmée dans 130 Zénith (ou équivalents). En attendant la venue, les 26 et 27 février à Lille, de cette vieille peau de vache de Maria, entretien avec Jean-Christophe Fraiscinet, alias Christian Bodin, son benêt de fils.


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© photo Valéry Joncheray

Pour la première fois, vous faites une tournée des grandes salles. Auriez-vous pu imaginer, il y a vingt ans, que vos personnages rencontrent un tel succès ?

« Non, ça aurait été impossible de se projeter dans un truc pareil ! C’est le fruit de plein d’années de travail et, surtout, du bouche-à-oreille. Et puis ça commence à changer mais on n’a jamais vraiment eu de soutien médiatique. »

Regrettez-vous ce manque de couverture médiatique ?

« Je crois que nous en sommes un peu responsables. Ce n’était pas une volonté de notre part bien sûr, mais étant originaires de province, de la Touraine et du Berry, on a toujours beaucoup fonctionné de façon autonome et on n’a pas joué tout de suite à Paris. Ça nous allait bien, on tournait déjà énormément, on faisait 250 spectacles dans l’année. Alors on ne se posait pas la question. »

Quand vous tournez habituellement à deux, vous êtes ici entourés d’autres comédiens et d’animaux !

« Oui, on reconstitue la ferme dans laquelle on joue le spectacle tous les étés (lire ci-dessous). Alors on emmène les animaux en tournée : un cochon, un âne, un chien, des lapins, des chèvres, des poules, des coqs… »

Des animaux qui ont tous un nom…

« C’est l’originalité de Maria Bodin, la mère, qui baptise souvent les animaux avec des noms de personnalités politiques. Parmi les chèvres par exemple, on a Carla, Ségolène et Taubira qui vient de faire son entrée. Le coq nain, lui, c’est Sarko. Mais les noms peuvent changer en fonction de l’actualité. »

Justement, une de vos particularités, ce sont ces espaces de liberté que vous vous laissez afin d’intégrer à vos pièces des références à l’actualité…

« Oui, nos spectacles racontent toujours une histoire, ça reste une pièce de théâtre, mais une pièce qu’on agrémente d’actualité, parce que ça plaît au public, mais aussi que ça ancre nos personnages dans le monde de maintenant. Vu le décor, on pourrait se dire que les Bodin’s ont existé dans les années 50-60. Non, ils existent encore aujourd’hui. Et non seulement ils existent, mais ils ont leur mot à dire sur le monde qui les entoure. »

Le monde change autour des Bodin’s, mais certains traits de caractère qui ont fait leur succès ne changent pas !

« Non, la mère est toujours cette personne très entière, veuve depuis longtemps, pas facile, qui ne mâche pas ses mots. Elle a des expressions très fleuries, à la Audiard. Le fils, c’est tout le contraire, lui est un peu nigaud. Ça fonctionne en fait comme de nombreux duos avec le clown blanc et l’auguste. C’est ce qui fait que le public adhère. »

Après les Zénith, peut-on vous imaginer un jour dans un stade ?

« Oh non ! On a déjà plein de projets : un long-métrage, un nouveau duo sur scène, un autre spectacle de l’envergure de Grandeur Nature. Ça nous va bien. »

Vendredi 26 et samedi 27 février, à 20 h, au Zénith, boulevard des Cités-Unies. 30 à 43 €.

Un spectacle et une tournée hors normes

Grandeur Nature, c’est une pièce de théâtre que les Bodin’s jouent en plein air, en Touraine, depuis une douzaine d’années. Dans une ferme. Le succès est tel que 25000 personnes assistent chaque été aux trois semaines de représentations pour lesquelles il faut réserver un an à l’avance. C’est la première fois que le duo comique part en tournée avec cette création. Là encore, les chiffres sont vertigineux. D’abord programmée pour 75 dates, la tournée des Zénith est passée à 130 représentations. Il se murmure d’ailleurs que Maria et son fils Christian pourraient de nouveau passer par Lille en 2017. De vraies rock stars, ces Bodin’s ! « C’est la plus grosse tournée théâtrale de ces dix dernières années, témoigne Jean-Christophe Fraiscinet (Christian Bodin à la scène).

On a dix semi-remorques. Cela équivaut aux moyens déployés pour des comédies musicales ou de très grands concerts. Là, pour cette pièce, on reconstitue la ferme, les animaux, une mare, un potager… C’est énorme ! On s’est d’ailleurs entourés des meilleures personnes qui travaillent avec des gens comme Johnny Hallyday, Indochine… » L’histoire de la pièce présentée au Zénith ? C’est l’été, les Bodin’s accueillent une petite-nièce parisienne, de bonne famille mais un peu rebelle, qui donne du fil à retordre à ses parents. On compte sur sa vieille tante Maria pour lui apprendre un peu la vie. De quoi alimenter conflits de générations et autres chocs de catégories sociales…