[Interview] Les Bodin’s de retour à Rouen et Caen, avec leur nouveau spectacle
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Grandeur nature ! Les Bodin’s, après une première à Nantes, lancent leur nouvelle tournée au Zénith de Rouen, du 2 au 4 octobre 2015. Rencontre avec Vincent Dubois, alias Maria.
Les Bodin’s se déplacent avec une ferme grandeur nature. (Photo D.R.
Les Bodin’s repartent en tournée, mais cette fois-ci Maria et Christian ont décidé d’emporter avec eux leur ferme et leurs animaux. Du grand spectacle en perspective. La tournée débute au Zénith de Rouen (Seine-Maritime), du 2 au 4 octobre 2015. En novembre, le duo se produira à Caen (Calvados). Rencontre avec le comédien qui incarne Maria Bodin : Vincent Dubois.
« La Normandie, c’est de bon augure »
Vous allez vous produire à Rouen en octobre 2015, puis à Caen en novembre 2015. Que pensez-vous de la Normandie ?
Commencer par la Normandie, pour nous, c’est de bon augure. Nous y avons toujours été bien reçus. On a commencé par faire des petites salles à Yvetot, Mont-Saint-Aignan, Darnétal… Ensuite, nous avons fait de plus grandes salles. Tout le monde se sent touché par notre spectacle, surtout les régions de terroir comme la Normandie, l’Auvergne… et même Paris. Il y a beaucoup de provinciaux qui se sont établis à Paris ! Nous sommes contents de revenir à Rouen et à Caen.
Selon vous, à quoi devez-vous votre succès ?
Le succès est lié à la longévité du duo avant tout. Il est né il y a 23 ans. Il y a aussi la fidélité de notre public. Maintenant, nous nous produisons dans les plus grandes salles de France. On ne sort pas de la Star Ac’, on en est plutôt l’antithèse. Les gens ont aimé les personnages que nous interprétons et les ont adoptés. On mêle un peu d’actualité dans notre spectacle, ça touche les gens.
Aussi, nous avons fait en sorte d’être dans la vie ce qu’on prêche sur scène : le bon sens de petites gens qui se débrouillent avec ce qu’ils ont. Si nous étions différents, je ne pense pas que ça marcherait autant. Nous aimons aussi rencontrer les gens après nos spectacles pour parler avec eux. Sans tout cela, ça n’aurait peut-être pas marché.
Une blague qui se transforme en tournée
Comment est née l’idée de lancer la ferme sur les routes ?
L’année dernière, nous fêtions les dix ans de notre spectacle. Avec Jean-Christian, nous avons balancé une blague : « Ce serait super de partir en virée sur les routes avec la ferme ». Comme notre dernière tournée a bien fonctionné, la production nous a dit banco ! C’est un événement ponctuel destiné à faire plaisir à notre public. Le spectacle grandeur nature, en Indre-et-Loire, est rapidement plein. Les places sont mises en vente en octobre et, mi-novembre, c’est déjà complet. Lorsqu’on est en tournée, on entend le public nous dire qu’il n’a pas pu nous voir dans ce cadre. Nous allons donc vers eux. Tout est parti d’une idée lancée comme ça.
Ça nécessite la mise en place d’un dispositif important, tant au niveau personnel qu’au niveau logistique.
Sur la route, ça représente dix semi-remorques qui transportent les décors grandeur nature : les bâtiments de la ferme reconstruits. En plus, nous sommes entourés d’une équipe de gens compétents. Ils ont travaillé aux lumières pour Johnny, comme régisseurs pour Indochine, décorateurs pour Luc Besson. Il y a aussi un animalier… C’est une grosse caravane d’une soixantaine de personnes. C’est sympa de retrouver un esprit de troupe sur les routes.
Une troupe de huit comédiens va se retrouver sur les routes à l’occasion de cette tournée des Bodin’s « Grandeur nature ». (Photo D.R.)
Des gens sans masque
Revenons à votre personnage de Maria. Peut-on dire qu’à travers elle vous rendez hommage aux anciens ?
J’ai une tendresse particulière pour nos anciens. Ce sont des personnages supers. Ils peuvent être tendres, émouvants, rock’n’roll aussi. Nous avons la chance de constater dans les salles que nous touchons toutes les tranches d’âge.
On ne pourrait pas faire dire à d’autres personnages ce qu’on fait dire à Maria. Elle dit des horreurs mais, à son âge, on lui pardonne ; c’est pour cela que nous avons choisi les personnages que nous interprétons. Ils sont eux-mêmes. C’est compliqué de trouver des gens qui sont comme ça. Il n’y a que les enfants et les anciens qui osent. Entre ces deux étapes de la vie, on se construit une image, un masque. Il y a aussi les gens en souffrance qui laissent tomber ce masque. J’ai été ambulancier pendant des années, j’ai vu des gens gens comme ça. Nourris de ces choses-là, nous écrivons nos spectacles.
Comment avez-vous rencontré Jean-Christian Fraiscinet qui joue le rôle de Christian Bodin ?
Je l’ai rencontré à Villard-de-Lans, en 1992. Lui, il tournait dans une autre troupe, moi, je faisais Maria en solo. En discutant, nous avons constaté que notre enfance avait été semblable, que nous n’habitions pas loin l’un de l’autre. En 20 minutes, nous avons écrit notre premier sketch. Tout est parti de là.
Extrait du spectacle présenté en plein air :
D’abord la trame, ensuite les paroles
Certaines de vos répliques sont reprises par les gens et font partie maintenant d’un certain patrimoine oral. Comment créez-vous vos spectacles ?
C’est devenu notre griffe et notre jeu. Nous travaillons sur le scénario et la trame en premier. Tant que nous n’avons pas cette trame, on ne touche pas les paroles. Après, intellectuellement, nous sommes déjà dans nos personnages. On se dit qu’il va se passer telle ou telle situation, on cherche alors la façon dont Maria et Christian pourraient le dire.
Vous laissez quand même une part à l’improvisation ?
Majoritairement, tout est écrit. Il se peut qu’il y ait de l’inattendu, mais nous faisons toujours un debriefing après chaque représentation. Un spectacle, à mesure qu’il tourne, peut se nourrir de bonnes choses, mais il faut faire attention à ne pas l’alourdir de choses inutiles. Par contre, il y a un moment précis dans le spectacle où nous parlons de l’actualité, des informations nationales de façon à ce que ça parle à tout le monde.
Si c’était à refaire, vous repartiriez sur les routes avec le personnage de Maria ?
Sans hésiter.