La ferme des Bodin’s en folie
Courrier Picard
Pour leur spectacle « Grandeur nature », la Maria et son fils installent leur ferme, leurs animaux, leurs voisins, leur machine à fromages et leur bon sens paysan sur la scène du Zénith d’Amiens mercredi 24 février (complet) ainsi que les 23 et 24 novembre 2016.
- « Les Bodin’s grandeur nature » seront au Zénith d’Amiens mercredi 24 février.
La tournée Les Bodin’s grandeur nature devait s’arrêter en mai mais le succès est tel qu’elle est prolongée d’un an. Et c’est tant mieux puisque deux dates ont pu être rajoutées en novembre au Zénith d’Amiens. Comédiens, auteurs et metteurs en scène, Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet, alias la Maria et son fils, emmènent la ferme des Bodin’s et tout son petit monde sur les routes. Sevrés aux dialogues d’Audiard, admiratifs des Deschiens et de la Madeleine Proust, ces deux-là partagent le même sens du comique. Vincent Dubois nous parle de cette tournée complètement dingue.
Qui a eu cette idée folle d’emmener la ferme des Bodin’s en tournée ?
C’est nous ! Nous avons eu cette espèce d’idée de tarés un soir en refaisant le monde mais nous ne pensions pas qu’elle verrait le jour. Depuis 11 ans, nous jouons à guichets fermés un spectacle d’été Les Bodin’s grandeur nature dans une ferme en Touraine. Les gens rencontrés lors de nos tournées regrettaient de ne pouvoir nous y voir ; d’où cette idée d’emmener la ferme et les animaux sur les routes.
Comment adaptez-vous le spectacle de la ferme dans les Zénith ?
Nous ne voulions pas faire la copie conforme du spectacle en plein air. Il fallait apporter quelque chose de différent : des effets spéciaux, de la vidéo, du mapping, de la diffusion d’odeurs… Nous avons travaillé un an et demi avec des équipes vidéo, lumière, son, nous nous sommes entourés de pros. Notre directeur technique l’était sur la tournée d’Indochine et sur Notre-Dame de Paris, l’équipe vidéo est celle de la tournée de Johnny Hallyday. Ensuite, nous avons été un mois en résidence dans le Zénith de Châteauroux pour les répétitions et depuis septembre nous sommes sur les routes.
Combien êtes-vous sur scène ?
Nous sommes huit comédiens : la Maria Bodin’s et son fils qui sont les noyaux du spectacle ; le facteur, un personnage à la Tati ; la maréchaussée puisque les Bodin’s aiment bien braconner ; un contrôleur sanitaire qui ne trouvera pas vraiment à son goût la fabrication des fromages de la Maria ; et la petite-nièce, Julie. Il y a aussi les animaux : ceux de la basse-cour, une chèvre, la petite chienne Ratatouille qui part à la chasse avec la Maria, un âne, un cochon… C’est marrant de voir les gens franchir la porte du Zénith et se demander s’ils ne sont pas au Salon de l’agriculture !
Julie apparaît comme un personnage important.
Elle est la trame de l’histoire. Elle vient de la région parisienne et est placée pendant les grandes vacances par ses parents chez sa vieille tante pour être remise dans le droit chemin. Elle fait les 400 coups. Avec elle apparaît une confrontation de générations et de milieux sociaux mais très vite la Maria et elle vont se retrouver sur un terrain commun et devenir copines.
Et que devient le fils dans cette histoire ?
Le pauvre ! Il est dans les jupons de sa mère comme une sorte de Tanguy des campagnes et il voit arriver cette jeune et jolie femme ; c’est un peu Quasimodo et Esmeralda. Il s’amourache plus ou moins d’elle et comprend que c’est un amour impossible. Il a un peu de mal à trouver sa place entre ces deux femmes, comme d’habitude.
Comment s’est effectué le travail avec les animaux ?
Il est très encadré par les services vétérinaires qui nous imposent des contraintes draconiennes ; il serait anormal de faire souffrir des animaux pour faire rire d’autres animaux que nous sommes ! Un animalier les a formés, les a dressés, les a déstressés, les a confrontés aux bandes-son, aux explosifs, aux coups de fusil. Lorsqu’ils sont arrivés aux premières répétitions, ils étaient dans un cadre connu. Ces animaux sont différents de ceux de la ferme en Touraine, ils ont déjà travaillé au cinéma.
La Maria et son fils ont l’habitude de réagir vite à l’actualité. Pouvez-vous conserver ces espaces de liberté dans ce spectacle ?
Oh oui ! C’est devenu une marque de fabrique, les gens aiment beaucoup et nous aussi ; nous ne voulons pas nous en priver. Nous ne pouvons pas les mettre n’importe où parce que le spectacle est très écrit. Il y a plusieurs endroits où nous savons que nous pouvons le faire. Dans l’esprit de la scène avec Pomponette dans la Femme du boulanger, la Maria se sert de ses animaux pour régler ses comptes ; elle les baptise du nom d’hommes politiques et leur dit ce qu’elle pense.
Où en sont vos projets ?
Notre prochaine échéance est d’écrire un nouveau duo pour repartir en tournée, nous avons aussi un projet de troisième film. En raison de la prolongation de la tournée, l’écriture va être reportée mais ce n’est pas plus mal. Avec Jean-Christian, nous travaillons comme des artisans, nous aimons prendre notre temps pour faire les choses bien.
Que vous inspire notre époque ?
Les moments et les événements que nous traversons apprennent l’humilité. Nous n’avons pas l’impression d’être des stars mais plutôt des aides-soignants. Les gens nous disent : ne nous laissez pas tomber en ce moment, nous avons vraiment besoin de vous. Lors des attentats, nous nous demandions s’il n’était pas déplacé d’être sur scène ; le public nous a dit que, non, que c’était plutôt très utile.
Ce qu’elle inspire à la Maria ?
Je prendrai un exemple. Sur les migrants, la Maria dit : « je n’ai pas la solution, ce n’est pas simple de régler ce problème mais qu’on soit riche ou sans dents ; ouvrier ou président ; noir, jaune ou blanc ; chrétien ou musulman, le jour de notre dernier voyage, nous serons tous des migrants ».
Qui sont les Bodin’s ? La Maria et son fils, incarnés par leurs créateurs le Tourangeau Vincent Dubois et le Berrichon Jean-Christian Fraiscinet depuis 23 ans. La Maria, vieille paysanne coriace de 87 ans, est assez verbeuse ; Christian, le fils, est plutôt taiseux. « Les Bodin’s sont les ambassadeurs des petites gens qui ont le bon sens des brèves de comptoir. On les prend pour des imbéciles mais ce sont souvent des philosophes, ils ont un regard assez affûté sur notre société », analyse Vincent Dubois. Plus de 300 000 spectateurs les ont déjà applaudis.
36 heures de montage, 14 de démontage Les Bodin’s grandeur nature, c’est en quelque sorte un cirque en tournée. Dix semi-remorques sont nécessaires pour transporter les décors, les accessoires et les animaux. Soixante techniciens installent le décor qui nécessite 36 heures de montage et 14 heures de démontage. La ferme est de la dimension de la vraie en Touraine et 400 mètres carrés de plancher sont nécessaires pour reconstituer le sol gravillonné et en herbe. Un écran géant de 30 mètres par 12 complète le dispositif.
- Amiens Zénith, avenue de l’Hippodrome.
- Mercredi 24 février à 20 h. Complet.
- Mercredi 23 et jeudi 24 novembre à 20 h.