La ferme fantastique des Bodin’s
Le Populaire du Centre
Humour potache, tournées à guichets fermés : les Bodin’s, c’est une success story qui met en scène la vie à la ferme d’une femme acariâtre de 87 ans et de son fils benêt de 50 ans. Chaque été depuis 2005, le spectacle est en plein air.
Bienvenue chez les Bodin’s ! Il est 20 h 45 ce mercredi de juillet, quand une foule de curieux – amateurs ou fanatiques – se pressent au portail de la ferme perdue au milieu des champs du lieu-dit « Les Souchons », à quelques kilomètres de Descartes (Indre-et-Loire). La voix tonitruante de Vincent Dubois, alias Maria Bodin, fermière bougonnante de 87 ans, retentit dans des haut-parleurs installés en hauteur. Top départ de la soirée !
- 936 places, 8 bus par soir : au total, plus de 20.000 personnes venues des quatre coins de la France ont acclamé le duo d’humoristes pendant leurs représentations en juillet.
© Kathleen Franck
Au mois de juillet, le duo joue à guichets fermés. Un encouragement qui ne se dément pas pour les efforts réalisés autour de leur mise en scène rustique et soignée. On ne peut que reconnaître le talent de ses créateurs pour avoir inventé, notamment, cette machine complètement insensée, qui, lorsque son mécanisme est activé en pédalant rapidement, est capable de laver du linge et de fabriquer des fromages ! Oui, « Grandeur Nature » fleure bon le terroir, peut-être grâce à des figurants de choix, qu’on tend à oublier : lumière sur Ratatouille le chien, mais aussi Macron le coq, Brigitte la chèvre, Jean-Marie le cochon, et tant d’autres. Ces protagonistes, partie prenante au comique de la pièce, permettent des allusions cocasses aux politiques. Anecdotes croustillantes, potaches à souhait dont le public raffole.
« Thérapie par le rire »
Nathalie a 51 ans, et c’est la deuxième édition qu’elle réalise en tant que bénévole sur le spectacle. « Le secret du succès des Bodin’s ? Tout le monde a plus ou moins connu une personne qui parle ce genre de patois. Le personnage de Maria rappelle forcément une grand-mère, une grand-tante », affirme-t-elle. Plusieurs spectateurs vont dans son sens, et finissent même par lâcher en toute décomplexion : « Le rire est une véritable thérapie ! ».
Pour Bruno Méreau, propriétaire de la ferme, le succès est lié à la proximité qu’entretient le duo avec son public, relation qu’il voit évoluer depuis 2005 sur ses terres : « Leur humour est simple, pas prise de tête ou condescendant. Après chaque spectacle, ils prennent le temps de rencontrer les gens, font des séries de dédicaces. Beaucoup de comédiens ne le feraient pas forcément. »
Six jours sur sept, près d’un millier de curieux viennent quotidiennement rire à gorge déployée aux déambulations de Maria et de Christian Bodin, son fils quelque peu simplet de 50 ans. Preuve d’un business qui marche, certains ont réservé leur place via des compagnies proposant des voyages touristiques organisés en bus. Pour les autres, un large parking de fortune a été créé dans le champ avoisinant. L’organisation du spectacle est au poil ! Les spectateurs ont d’ailleurs un profil semblable : ils viennent des quatre coins du pays et ont réservé depuis octobre dernier. Pas étonnant que la foule soit aussi exaltée !
Impatience
Juste avant la représentation, tous les badauds s’amusent en trépignant d’impatience, tandis que le haut-parleur continue de lancer quelques blagues pour chauffer l’ambiance. Charly, un des techniciens du spectacle, se transforme en garde-champêtre-animateur, une heure avant le début du spectacle et sonne le clairon à l’oreille de quelques dames, qui sursautent en criant, avant d’éclater de rire. Certains spectateurs s’amusent à poser pour une photo, à tour de rôle, sur la célèbre Mobylette de Maria Bodin, quand d’autres s’émerveillent devant les dispositifs mis en place. Le temps de tourner la tête, voilà Charly cette fois-ci assis sur des toilettes fixées en hauteur alpaguant la foule.
Goguenards ou ébahis, les plus âgés retombent en enfance face aux tribulations des chauffeurs d’ambiance. Mais à 22 h 30, quand la foule agitée a enfin rejoint sa place et que l’assemblée est plongée dans le noir, les surexcités finissent par s’apaiser. La vraie farce peut enfin commencer !
Kathleen Franck