Le bonheur est dans le pré
Paris Match
Le duo comique affiche complet chaque été avec « Grandeur Nature », un spectacle qu’il joue chaque été dans une ferme d’Indre-et-Loire. Après quatre soirs à l’Olympia, il se lance en septembre à l’assaut des Zéniths.
Chaque été depuis dix ans, le village de Descartes en Indre-et-Loire vit une expérience étonnante. Tous les soirs, mille personnes convergent vers une vieille ferme désaffectée dans laquelle vivent Maria Bodin et son fils, Christian. « Grandeur nature », le spectacle des Bodin’s, est un rendez-vous estival immanquable. Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet, qui jouent respectivement Maria et Christian, font rire le public avec des dialogues à la Audiard (« Il est con comme la lune et jamais une éclipse »), des situations à la Deschiens, l’esprit des « Brèves de comptoir » (« Quand les fainéants se foutent au boulot, ils fatiguent vite ») et, bien sûr, des personnages croisés toute une vie durant. Lorsqu’il était gamin, Vincent aimait suivre son père facteur : « Des Maria j’en voyais tous les jours. » Un sens aigu de l’observation et des souvenirs d’enfance suffisent à nourrir leurs rôles. « Nous jouons des ruraux, admet Jean-Christian, mais ce sont des gens d’aujourd’hui avec un oeil aguerri et une dent acérée sur le monde qui les entoure. Nous prêchons le bon sens des petites gens. »
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Avant les Bodin’s, Vincent Dubois, originaire de Touraine, s’orientait vers la musique : « J’étais guitariste chanteur et au milieu de mes tours de chant est née Maria, un personnage inspiré de ma grand-mère. Elle avait une façon bien à elle de nous raconter la vie. » Jean-Christian Fraiscinet, lui, a vu le jour à Valençay. Enfant, il participe en famille au spectacle son et lumière de sa ville où il attrape le virus de la comédie. Plus tard, il abandonne ses études de médecine, intègre le conservatoire de Tours, monte sa compagnie de théâtre et enchaîne les tournées. Les deux hommes se rencontrent en 1993. La complicité est immédiate et ils ne se quittent plus. Si « Grandeur nature » ne s’est joué qu’à Descartes, les Bodin’s ont écrit trois autres spectacles qu’ils donnent devant des salles fidèles, de plus en plus grandes. Ils ont ainsi rempli l’Olympia, quatre soirs en février. Incontournables pour les uns, donc, mais inconnus pour les autres. Le duo s’en fiche et travaille son écriture : « Plutôt qu’une succession de sketchs, nous racontons une histoire, une saga. Notre public s’attache aux personnages et le lien se renforce. »
L’écriture des dialogues, les répliques incisives, le « parler Bodin » est presque devenu une marque de fabrique.
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Pour Vincent, c’est un vrai plaisir : « Nous devons trouver la musicalité, le bon rythme. Un travail d’artisan où nous essayons de faire réféchir sans être moralisateurs. Quand Maria évoque l’homosexualité et dit : “Vaut mieux aimer un homme que de taper sur sa femme”, c’est une façon d’aller à l’essentiel. » A la rentrée, pour fêter les 10 ans de « Grandeur nature », le duo se lance un défi : transporter la ferme et ses animaux dans les Zénith de France. Un pari si fou qu’il emmène dans son aventure le décorateur de Luc Besson et l’équipe vidéo de Johnny. Mais pour les Bodin’s, pas de risque de prendre la grosse tête : « Ce qui fout le bordel dans un duo, c’est l’ego. Nous n’avons jamais eu de problème de ce côté-là. Partant de ce principe, nous sommes à l’abri des emmerdes ! A l’âge que nous avons, la vie nous tend le plus beau cadeau qu’elle puisse nous faire. »
« Grandeur nature », en tournée à partir du 25 septembre, à Paris (Palais des Sports), du 4 au 6 mars 2016.