Les Bodin’s : " Préserver l’accès au service public "

La Nouvelle République

11 décembre 2016

La Nouvelle République

Les Bodin’s, qui achèvent aujourd’hui leur quatrième représentation au Mach 36, décryptent pour la NR l’actualité de la semaine.


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Jean-Christian Fraiscinet et Vincent Dubois, au Mach 36.

© Christophe Gervais

> Lundi. « Joli sujet sur l’utilisation d’une buse pour effaroucher d’autres oiseaux, note Jean-Christian Fraiscinet. J’ai moi-même une buse, dressée à me suivre, et il m’arrive souvent d’aller me promener en forêt avec elle ».
Vincent Dubois, alias « Maria », a relevé un article sur Alain Souchon, « que j’aime beaucoup. C’est ainsi que je conçois une carrière ? : il a su éviter de se mettre en avant. Il a une écriture que j’adore et que j’envie. D’ailleurs, on l’invite à venir nous voir quand il veut. »
> Mardi. Vincent Dubois a réagi à un article sur l’apprentissage qui, selon lui, « souffre encore de cette image injuste qui laissait entendre qu’il n’était fait que pour les élèves en difficultés scolaires. Un peu comme la cinquième roue du carrosse… Au contraire, je trouve l’apprentissage très noble. D’ailleurs, regardez les énarques ? : ils ont fait les grandes écoles, et, aujourd’hui, ils se retrouvent en primaire à se chamailler comme des gamins dans une cour de récréation. »

" ?On soutient le marché de Saint-Août ?"

> Mercredi. Jean-Fraiscinet n’a pas manqué l’article sur le marché de Saint-Août. « Pour moi, c’est un des plus beaux marchés du Berry. L’autre fois, j’y suis allé et j’ai vu une vieille dame qui vendait un gros lapin, que je pensais être un géant des Flandres. Je lui ai demandé si c’en était un, et elle m’a répondu ? : " ?Il est coupé, mais y a à manger, hein ?!? ?" Pour être sérieux, je suis inquiet pour les éleveurs, par rapport à la grippe aviaire. J’espère qu’ils vont pouvoir en éviter les conséquences… »
> Jeudi. Impossible, pour les Bodin’s, ne pas avoir un mot au sujet de l’article qui annonce leur venue au Mach 36. « Ce n’est pas parce qu’on remplit des Zénith qu’on n’apprécie pas des articles dans la presse, bien au contraire. Cela nous touche toujours autant, notamment quand c’est dans La Nouvelle République, qui nous a vus débuter. Quand on voit les petits articles qu’on avait il y a vingt ans, et les pages entières qu’on nous consacre aujourd’hui, cela nous rappelle que le travail a fini par payer, mais que l’on ne doit pas s’endormir sur nos lauriers si on veut que cela continue ».
Et d’enchaîner sur leur incroyable succès. « Si on a besoin de la presse, oui, bien sûr. Car tout le monde ne nous connaît pas encore, même si on a rempli plus de cent Zénith ces derniers mois, ce qui est pour nous un truc auquel on ne s’attendait pas et qui, de l’avis de nos techniciens, est une première. »
> Vendredi. « La désertification médicale, on est forcément concernés, car on vit à la campagne, tout comme nous sommes concernés par le soutien aux postiers. Tout cela, pour nous, concerne le maintien des services publics dans les zones rurales. Et cela, il faut le préserver. »
Vincent Dubois enchaîne ? : « Aujourd’hui, notamment à La Poste, on raisonne d’abord en termes de rentabilité. Mon père, qui était postier, avait cette vraiment notion de service public ? : il remplissait des feuilles d’impôts, vendait des cartes de pêche et allait chercher des chats dans les cerisiers (rires). Sans en arriver là, bien sûr, il faudrait inverser la tendance. Pour cela, Il faut que les bureaucrates décideurs fassent confiance aux élus de terrain, qui savent et ne demandent qu’à agir. »

Les Bodin’s citoyens engagés

Quel est le secret du succès des Bodin’s ?? Ils dépeignent avec humour ce monde rural en voie de disparition dans lequel chaque Français reconnaît un vieil oncle, une grand-mère ou une arrière-grand-mère. Ils mettent en scène ce bon sens paysan, porte-voix de tous ceux qui se posent des questions angoissées, sans oser les exprimer ? : la jungle des réseaux sociaux (le fameux Face de bouc de Maria), la désertification médicale, la disparition des services publics, les écoles qui ferment…
Derrière Maria Bodin et son nigaud de fils, se cachent Christian Fraiscinet et Vincent Dubois, deux citoyens engagés et concernés par les préoccupations du quotidien. Ils ont choisi l’humour pour partager leur message. Et le public en redemande.

Propos recueillis par Christophe Gervais