« Les Bodin’s, c’est des petites gens à qui on peut s’identifier »
Le Progrès
La ferme des Bodin’s, sa basse-cour et sa galerie de personnages pittoresques sont de retour sur la scène du Zénith, les 21 et 22 octobre. Rencontre avec Jean-Christian Fraiscinet, alias Christian Bodin, le fils de la Maria (Vincent Dubois).
- De retour après un spectacle en décembre dernier, le petit monde de Maria Bodin sera au Zénith, vendredi et samedi.
© Photo PRESSE
Dans un monde globalisé et le climat ambiant actuel, est-ce que le succès étonnant des Bodin’s peut s’expliquer par l’idée d’un désir fort du public de retrouver des valeurs terriennes et des racines très françaises…
« Oui, c’est ça. C’est une partie du succès. On est arrivés au bon moment avec nos personnages si j’ose dire. C’est ce que les gens voulaient entendre et voulaient voir. Des petites gens simples à qui on peut s’identifier. »
Vous qui êtes Berrichon, c’est quoi être paysan en France en 2016 ?
« Vincent ou moi, on habite à la campagne mais on n’est pas issu directement du monde rural. Par contre, on a des amis agriculteurs et on voit comment est leur vie. Franchement, il y a un monde paysan à deux vitesses. Ceux qui s’en sortent bien et ceux qui crèvent la dalle. On marche sur la tête. Un jeune qui veut épouser la profession aujourd’hui, il faut vraiment qu’il ait la foi. »
Dans Grandeur nature qui tourne depuis 2015, les moyens sur scène sont impressionnants… Le défi est à la hauteur du succès qu’ont atteint les Bodin’s depuis dix ans…
« Oui mais le succès s’est fait progressivement depuis vingt ans. On a commencé par des petites salles chez nous dans la région Centre (Ndlr : Indre et Indre-et-Loire) puis, les salles sont devenues plus grandes et aujourd’hui, on remplit des Zénith de 4 000 personnes avec un écran géant de 40 mètres, des effets spéciaux, une vraie ferme reconstituée et de vrais animaux. »
Un cochon, un âne, des chèvres, un chien, des poules… Est-ce difficile de jouer avec de vrais animaux sur scène tous les soirs ?
« Michel Simon disait : “ Il n’y a rien de plus difficile que de tourner avec un animal ou un enfant ” parce qu’ils sont imprévisibles. Mais dans le spectacle, tout est bien cadré et deux animaliers s’occupent bien de la vingtaine d’animaux. »
Que vous disent les spectateurs que vous rencontrez ?
« Qu’est-ce que ça fait du bien de rire ! Par les temps qui courent, il y a un besoin de s’évader plus fort sans doute. »
Les enfants sont les premiers fans aussi…
« Et c’est une de nos grandes fiertés que de compter un public très familial. On va en tenir compte encore davantage dans l’écriture des prochains spectacles. »
Les antihéros que sont Maria et son fils, pourquoi sont-ils si attachants ?
« Les gens s’identifient, encore une fois. On n’oserait sûrement pas dire la moitié de ce que disent Maria et Christian mais dans leurs bouches, ça passe. »
Le succès est au rendez-vous malgré une couverture médiatique longtemps réduite à peau de chagrin…
« On a toujours voulu faire des télés mais ce sont les télés qui ne voulaient pas de nous ! Le spectacle Grandeur nature a beaucoup aidé à la notoriété des Bodin’s. Les médias appellent les médias et aujourd’hui, on est demandés. On vient de passer chez Michel Drucker et Patrick Sébastien et depuis début septembre, il y a notre chronique dans Amanda, (Ndlr : l’émission d’Amanda Scott sur France 2, à 16 h 45, en semaine. »
Est-ce que ça a changé votre quotidien ?
« Plutôt oui ! C’est beaucoup de travail malgré les 2 à 3 minutes d’antenne car on écrit tout seuls. On recherche d’ailleurs une équipe d’auteurs pour nous seconder. »
Quel est le fil conducteur de ces sketches ?
« Maria et Christian donnent leur opinion face caméra sur la télévision et les programmes. On enregistre quinze sketches d’un coup. »
Comment se renouveler sans lasser le public et ainsi continuer de faire vivre les aventures des Bodin’s ?
« C’est notre hantise (rires). Déjà, nous, on ne se lasse pas mais il faut pouvoir captiver l’intérêt aussi bien de ceux qui nous connaissent que de ceux qui nous découvrent. Trouver le scénario idéal, le ressort comique, voilà notre recherche permanente et toujours dans une logique de pièce de théâtre. On n’enchaîne pas des sketches. »
Propos recueillis par Fabien Genest