Les Bodin’s, ce n’est pas un écomusée !

L’Est Républicain

12 décembre 2017

L’Est Républicain

Entretien avec Vincent Dubois qui campe l’inénarrable Maria.


Les Bodin’s de retour à Nancy !

© Patrice SAUCOURT

Vous êtes de retour à Nancy pour deux dates qui ont rapidement affiché complet !

Oh oui ! On est heureux. On a des souvenirs fabuleux de notre dernier passage !

Tout comme ceux qui étaient dans le public, visiblement ravis de voir que vous prenez toujours autant de plaisir à jouer…

Je pense qu’une des grandes recettes du bonheur c’est continuer à s’épater de ce que l’on vit. On arrive à croiser dans ce métier des gens qui, finalement, devraient en changer. Ils font des Zénith ou des Olympia sans plus rien éprouver. Je ne sais pas comment c’est possible ! Le ciel nous fait un tel cadeau d’arriver à vivre avec ce que l’on aime faire… Faire, en plus, plaisir aux gens en même temps et tout ça en gagnant notre vie… Je ne sais pas comment on ne pourrait être très heureux de ce qui nous arrive.

Il faut dire aussi que ce public, vous le respectez en apportant un décor incroyable avec cette ferme plus vraie que nature !

Vous connaissez l’histoire… Ce spectacle, on l’a joué depuis 2005, en plein air, en Touraine, dans une ferme, au milieu des champs. Et quand on a eu l’idée d’en faire une adaptation Zénith, on s’est dit, « le fait de l’enfermer, on va perdre cette magie ». Si on la perd, il faut en trouver une autre. On a travaillé là-dessus mais ça ne tient pas qu’à nous. On avait les idées mais fallait que Cheyenne Productions, et le patron Coco, nous donnent les moyens. On s’est dit, « si on veut une autre magie, il va falloir des moyens », qu’on ne fasse pas ça avec deux bouts de ficelles…

Du coup c’est avec dix semi-remorques !

Tout à fait oui !

Vous évoquez Coco… C’est vrai que l’on peut lui rendre hommage, lui qui a relevé le pari de la tournée Stars 80… Comment se sont passés les premiers contacts avec ce « milieu » ?

Ça s’est fait en plusieurs étapes. Nous, c’est vrai qu’au début, avec Jean-Christian, on a vraiment commencé, comme on dit chez nous, avec notre bi… et notre couteau en allant dans les salles des fêtes. Après, on a rencontré des personnes comme Jean-Pierre Bigard qui nous a fait mettre un pied à Paris. Puis on a fait des salles un peu plus grandes. Et, en 2006, Coco nous a approchés en nous disant : « Je pense que vous êtes à une période où vous avez un potentiel de public de grandes salles ». Quand il nous a parlé de Zénith, on lui a dit : « Tu te trompes de personnes, on n’est pas les Pink Floyd » ! En fin de compte, il faut aussi faire confiance aux gens. Il nous faisait confiance artistiquement, là, c’était aussi à nous de lui faire confiance. On a dit banco !

Avec succès. Les spectacles s’enchaînent et vous arrivez toujours à y glisser des références liées à l’actu…

Oui et on le fait aussi pour nous, pour ne pas se lasser. C’est important. Les Bodin’s, ce n’est pas un écomusée ! Ils viennent de la campagne, d’un monde un peu reculé, ils semblent être d’une autre époque mais ont, finalement, les pieds bien ancrés dans notre époque, regardent la télé et ont, quelques fois, accès à un ordinateur. Ce ne serait pas normal qu’ils ne soient pas au courant, ils ne sont pas sur une île déserte ! Nous, ça nous amuse de traiter l’actualité derrière le filtre de ces gens-là. C’est devenu un jeu et le public adore ça.

Un public qui profite également d’une galerie de personnages qui vont et qui viennent. Comment s’est passé le casting ?

C’est vrai qu’au début, ce n’est pas forcément évident. Les gens que l’on a avec nous sur ce spectacle - on est huit comédiens -, on ne les a pas fait débarquer comme ça. La plupart ont déjà fait des petites choses soit à la ferme en plein air, sur d’autres pièces ou ils ont fait de la figuration dans nos films. Ils font partie de notre famille depuis longtemps, on ne fait pas de casting. C’est la vie qui fait que l’on croise les gens…

C’est finalement l’histoire des Bodin’s qui ont, un jour, croisé la route de ce public fidèle… Et qui ne cesse de croître ! De votre côté, vous êtes-vous demandé s’il ne fallait pas faire une pause ?

Oh non… Au milieu d’une tournée, où on enchaîne les dates, oui, on a besoin de souffler, de retrouver nos familles. En ce moment, avec ce spectacle, ce qui nous arrive est assez unique et précieux. Ce n’est pas le moment de bouder ce plaisir-là. Notre priorité est de faire plaisir aux gens, on sent qu’on ne leur a jamais fait autant plaisir. On peut se lasser de plein de choses mais pas du plaisir que l’on donne.

Un retour aux choses simples, à cette valeur refuge qu’est la campagne, n’a jamais été aussi présent…

Ah oui ! Je pense qu’ils ont besoin de revenir à l’authenticité. On vit une époque compliquée… Je suis papa de grandes filles, c’était moins compliqué d’être ado à l’âge où je l’ai été. Ils sont parasités par plein de trucs ! On ne s’est jamais pris pour des stars, on est plutôt des aides-soignants !

Des aides-soignants qui sont allés soigner l’hypocondriaque qu’est Michel Drucker !

C’est vrai, oui ! On a tourné dernièrement un petit truc avec lui. On a été vraiment touchés par ce bonhomme. Après tout ce qu’il a vécu, il vient nous voir et ça l’amuse de faire un médecin de campagne avec nous pour une émission, en toute simplicité. Ça nous a vachement touchés !

Les Bodin’s seront au Zénith de Nancy les 16 et 17 décembre. Ils seront de retour les 30 novembre, 1er et 2 décembre 2018.

Propos recueillis par Yannick VERNINI