Les Bodin’s enflamment le Palais des Glaces

Paris 1ére

19 septembre 2011

Paris 1ére

Après le triomphe de ’’Bienvenue à la Capitale’’ et leur incursion remarquée au cinéma, le couple mère-fils, Maria et Christian, continue la saga bodinesque


Dans leur région centre, Vincent Dubois, le Tourangeau, et Jean-Christian Fraiscinet, le Berrichon, sont de véritables stars. Et le mots « star » n’est, ici, nullement exagéré. Ils ont écumé tous les zéniths de France avec un succès tel que la capitale leur a ouvert les bras. Leur précédent spectacle « Bienvenue à la capitale » a vu un tsunami de spectateurs : 250 000 ont fait la connaissance de Maria Bodin, une vieille paysanne octogénaire, et de son fils, Christian, quinquagénaire benêt fraîchement marié et exilé à Paris. Dans toutes les villes de France, ils affichent complets plusieurs mois à l’avance. En 2008, Paris n’a pas échappé pas à la règle et ces deux-là se sont offert un triomphe à l’Olympia.

Triomphe à Paris

Leur retour dans une salle parisienne était attendu par leurs fans, de plus en plus nombreux. Et leur nouveau spectacle « Retour au pays » ne déçoit personne. Entre tendresse et grincement de dents, folie dansante et bonne bouffe, le duo vous mitonne une dolce vita sauce épicée.

Maria, affublée d’une blouse du siècle dernier ou d’une robe de chambre d’un rose improbable, est tantôt attachante, méchante, touchante ou époustouflante de modernité. Christian, dans son pantalon en Tergal beigâtre, est fils indigne ou troublant d’amour maternel, à la fois désireux de se débarrasser de cette mère Tatie Danielle en puissance et de la garder près de lui. Bref ces deux là ne savent pas se le dire mais... ils s’aiment profondément.

Sans fard ni fanfare mais avec du bruit

Une succession de petites scènes nous entraîne de la maison de retraite où Maria, atteinte d’Alzheimer, coule des jours malheureux, en passant par le sable d’un bord de mer peu engageant jusqu’à la cuisine d’un autre temps, où il fait bon boire un coup et manger à la bonne franquette. La vie quotidienne sans fard ni fanfare... quoique Maria réserve bien des surprises à son fils unique.

Des décors à l’unisson du monde des Bodin’s où chaque détail mérite de l’attention, des répliques cultes qui font mouche (« Si c’est pas toi qui tient la culotte, t’étonne pas d’être à poil »), des situations que tout le monde connaît ou a connues, deux comédiens époustouflants de sincérité, grimés à la perfection, une histoire rondement menée et un humour qui rafle l’approbation générale... Du Parisien au provincial, le Parisien pouvant être parfois un natif de province monté à la capitale, le spectateur rit de bon cœur et c’est debout que la première du spectacle a été ovationnée par une salle du Palais des Glaces comblée.

Les artistes à la sortie

Leur hymne à la France profonde est juste, honnête et sans moquerie. Certainement ce qui fait l’affection que le public porte aux personnages comme aux deux comédiens. Quelques minutes après la fin de chaque spectacle, Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet, démaquillés, mettent un point d’honneur à rencontrer leur public. Un moment rare à Paris, où les stars cherchent souvent la sortie des artistes pour éviter la confrontation directe.

Il n’est pas rare que les deux acolytes restent plusieurs heures à discuter avec leurs fans, à dédicacer des affiches aux plus vieux comme aux plus jeunes. Les Bodin’s, c’est comme un remède de grand-mère : ça se passe de génération en génération. Même si parfois c’est le petit-fils qui entraîne sa grand-mère, ou la fille qui emmène sa mère.

Attention tout de même, ces deux-là ont une arme redoutable pour éviter le harcèlement physique que génère leur personnalité hors normes : ils sont méconnaissables en dehors de la scène... alors ouvrez l’œil.

La saga des Bodin’s, telle celle mondialement connue des Ewing’s dans les années 80 d’où est tirée l’apostrophe S, continue jusqu’à la fin de l’année. De quoi vous réchauffez le cœur et les zygomatiques, souvent au repos en ces temps de crise.

Corinne Tong-Chai - Paris 1ére