« Les Bodin’s, l’anti-Star’Ac »

Charente Libre

26 avril 2012

Charente Libre

Le « phénomène Bodin’s » a encore frappé Hier soir à Rouillac, le duo loufoque a fait le plein. La troisième fois en trois ans Maria et Christian reviennent en 2013. Les Bodins’ ont fait salle comble ... comme d’habitude. Photos Phil Messelet


Les Bodins’ ont fait salle comble, hier soir à Rouillac... comme d’habitude. Photos Phil Messelet

C’est un phénomène inexpliqué. Les Bodin’s, le duo loufoque composé de Vincent Dubois, alias Maria (vieille paysanne acariâtre et coriace) et Jean-Christian Fraiscinet, alias Christian (son fils naïf et maladroit), est revenu en Charente. La troisième fois en trois ans. C’était hier soir au « Vingt-Sept » à Rouillac. À guichets fermés. C’est toujours comme cela avec eux, en Charente comme ailleurs. À tel point que Les Bodin’s viennent et reviennent. Une nouvelle date est déjà annoncée : ce sera le 18 janvier prochain, encore à Rouillac. Avec des places en vente à partir du 4 mai.

Vincent Dubois quitte son fichu de mamie, placée contre son gré en maison de retraite et qui décide de léguer sa ferme à son fils, pour décortiquer le phénomène.

Un phénomène qui dépasse la relation mère-fils et la question de l’héritage. Le duo parle à tous les publics et le bouche-à-oreille fait son oeuvre.

Vous avez joué vos spectacles 4.000 fois et vous venez de vous lancer sur les routes de France avec 400 nouvelles dates. Soit une tournée de quatre ans. Et pourtant, on vous voit peu à la télé. Explications ?

Vincent Dubois. La tendance commence un peu à s’inverser. Le journal Le Monde nous a consacré une demi-page il y a peu en parlant des Bodin’s comme d’un « phénomène ». On a fait le Palais des glaces à Paris et on se prépare à deux dates, aux Folies Bergère. Les choses changent. Il a fallu être très patient.

Un peu frustrés d’avoir été dénigrés pendant vingt ans avant d’avoir cette reconnaissance médiatique ?

Je vous mentirai si je vous disais qu’on n’en a toujours rien eu à faire. Parfois, c’est vrai, avec mon compère, on s’est demandé « Pourquoi pas nous ? ». Mais finalement, c’est assez confortable. On fait le plein partout mais on peut continuer à se balader dans la rue comme tout le monde. On a tous les avantages des stars sans en voir les emmerdements. Non, franchement, on est dans une situation enviable et il serait malhonnête de se plaindre.

Le succès, même auprès du public, n’est pas venu du jour au lendemain...

C’est vrai, il a fallu y croire très fort et prendre son mal en patience. Mais la réussite dans le temps, ç’a du bon. Les Bodin’s, ce n’est pas une étincelle, c’est l’anti-Star Ac’. Ce n’est pas nous qui devrions passer pour des ovnis mais plutôt ceux qui sont propulsés sur le devant de la scène et à la télé en trois jours.

Vous incarnez donc, presque chaque soir, le personnage de Maria. À force, elle ne vous sort pas par les yeux ?

Pas du tout. D’abord parce que j’ai de la tendresse pour ce personnage. Maria c’est ma grand-mère. Ensuite, parce que, plus généralement, j’ai beaucoup d’affection pour les anciens. Ils ont vécu tant de choses qu’ils méritent le respect. Et puis Maria, c’est à force un personnage qui vit tout seul. Une fois maquillée, elle existe par elle-même. Je l’ai jouée tellement de fois que je n’ai plus besoin de réfléchir. Mes mains tremblent ou sont crispées, mon dos se courbe, ma voix se met en place.

Il y a quelque chose qui relève un peu de la schizophrénie, non ?

Mais le métier de comédien est par nature schizophrénique. Et quand on incarne un personnage aussi puissant que celui de Maria, il y a encore plus ce phénomène d’incarnation. Pour éviter d’être totalement schizophrénique, Jean-Christian Fraiscinet et moi, nous nous autorisons aussi quelques respirations, plusieurs fois par an. Pour faire autre chose. Nous jouons notamment dans des séries télévisées. Mais vous ne nous voyez pas forcément. Nous incarnons des seconds rôles.