Les Bodin’s labourent l’humour
Le Parisien
Le duo rempli des Zénith et débarque à Paris au Palais des Sports pour un show rural qui enchante toutes les régions.
ILS FONT LEVER des Zénith comme d’autres font lever les blés.
Duo comique et rural, les Bodin’s font une étape pour trois soirs à paris, au coeur d’une tournée triomphale de 80 dates.
Dans leurs bagages au doux parfum de lisier : âne, chien, poules, cochon, chèvres et même, pour faire le compte, six autres comédiens, deux bâtiments de ferme et un petit étang ! Le tout emballé dans 10 semi-remorques
Grand spectacle donc pour ce show baptisé « Grandeur Nature ».
Sur scène, Maria la vieille fermière bossue au parler cru, alias Vinvent Dubois, et son fils Christian, quinquagénaire franchement benêt, Jean-Christian Fraiscinet au civil, s’en donnent à cœur joie comme au Zénith d’Amiens le 24 février.
Ça éructe, ça boit des canons avec le facteur, ça tire au fusil, ça insulte les gendarmes, ça fabrique du fromage avec une improbable machine, ça cascade du haut de l’échelle... La spécialité : l’humour de terroir. L’un des gags récurrents de ces scènes de vie à la ferme : les animaux rebaptisés avec des noms d’hommes politiques. Sarko, le coq trop bruyant, se fait descendre au fusil dès le début, « comme ça, il évite la mise en examen », Jean-Marie le cochon « aime se rouler dans la merde ». DSK, le bouc, n’arrête pas de monter sur « la noiraude, qui n’est pas toute blanche dans l’histoire... »
Ça marche du feu de dieu ! quelque part entre les blagues de comptoir d’un café de la creuse et les vieux films de De Funès, l’humour version Bodin’s fait se bidonner des salles entières, familiales et provinciales.
« T’as pas trop mal au ventre de rire ? » Lance un spectateur à sa voisine à la pause. « J’ai failli me faire pipi dessus », lâche-t-elle pour réponse.
Ce succès, les deux comédiens, l’un venu de Touraine, l’autre de l’Indre, l’ont construit sur vingt-cinq ans de complicité. Tranquillement mais sûrement. Depuis leur rencontre en 1994, ils ont enchaîne les spectacles, d"abord dans des petites salles, avant de connaître le premier gros succès avec « Bienvenue à la Capitale » : huit mois au palais des Glaces, une tournée à guichets fermés, puis l’Olympia. Depuis 2005, ils jouent tout l’été« Grandeur Nature », qu’ils exportent aujourd’hui, dans une ferme d’Indre-et-loire devant 1000 personnes chaque soir. Ils n’y a déjà plus de places pour 2016. Leur tournée, qui devait s’achever en décembre prochain, vient d’être prolongée de 17 dates en 2017, dont trois Zénith parisiens. Un phénomène.
« C’est un truc de fous, incroyable. Une nouvelle date est à peine annoncée que la moitié des places sont vendues trois jours après... », estime Vincent Dubois, toujours étonné du succès. La raison selon lui : le côté « nature »du spectacle et du duo qu’il forme avec son complice, tout deux passant beaucoup de temps à discuter avec le public après chaque représentation.
« Nous avons un contact direct et sain avec nos spectateurs. Notre succès, nous le devons surtout au bouche-à-oreille. »
Christophe Levent
Leurs répliques cultes
Presque tout le monde connaît « Face de Bouc », le sketch des Bodin’s sur Facebook, vu par 7 millions d’internautes sur Youtube. Le duo s’est fait une spécialité de truffer ses spectrales de répliques qui régalent leur public : « Un fromage qui pue pas, c’est comme un bonhomme qui transpire pas, y a une arnaque » ; « Y m’a longtemps fait la cour, mais jamais le jardin » ; « Moi qu’avais une poitrine drue comme la dune du Pilat, aujourd’hui on dirait plutôt le Marais Poitevin » ; « Tu sens tellement le bouc que j’me d’mande si c’est pas toi qui fous mes chèvres en chaleur » ; « Ça m’a mis la puce à l’orteil » ; « Mon rêve c’était de ressembler à Brigitte Bardot. J’l’ai revue l’autre jour, ça y est, on a la même gueule. »