Les Bodin’s : les deux font la paire
L’est-éclair
Troyes - Hier soir, Maria Bodin, paysanne au caractère bien trempé et Christian, son fils un peu nigaud ont offert un « Retour au pays » fracassant.
Fichu sur la tête, canne à la main et toujours accompagné de son fidèle compagnon, son fils Christian, Maria Bodin a des faux airs de tatie Danielle. De « Retour au pays » avec un tout nouveau spectacle, l’incroyable tandem n’a rien perdu de sa verve. « On ne peut pas demander à une brouette de rouler comme une formule un. » D’entrée, le ton est donné et le public déjà hilare. Il faut dire que leurs personnages hauts en couleur ne sont pas si caricaturaux que ça. Avec un franc-parler et une spontanéité non feinte, ils livrent, à travers des saynètes rapides et efficaces, une fine observation de la société. De la mer au camping en passant par le karaoké et le notaire, ils nous invitent à les suivre dans leurs nouvelles aventures.
A 87 ans, Maria Bodin, désormais placée en maison de retraite, n’a pas dit son dernier mot. « Le jour où je serais dans le trou, tu ne viendras pas me déterrer pour me faire la bise. » Aujourd’hui plus qu’hier, elle est bien décidée à faire tourner son fils en bourrique, pour le faire quitter « la capitale » et revenir au pays, en lui léguant sa ferme. Et pour parvenir à ses fins, elle est prête à user de tous les stratagèmes, y compris faire croire qu’elle est atteinte d’Alzheimer.
« Cacahuzac »
Entre quiproquos et incompréhensions, le duo, dialogues savoureux à l’appui, offre une belle tranche de rire au public. Les répliques font mouche, les spectateurs sont conquis. « J’ai le cul sur le fil du rasoir. Un pet de travers et je monte au ciel. » Ça parle vrai, ça sent bon le terroir et on en redemande. Loin d’être grabataire, Maria Bodin a su rester dans le « move » et connectée à l’actualité, n’hésitant pas à tacler les politiques, Hollande et Sarkozy en tête. « C’est tous les mêmes. Ce qu’ils veulent, c’est le trône et quand ils sont assis dessus, ils foutent la France dans la merde. »
Et si Maria et Christian ne leur font pas de cadeau, c’est tout simplement « parce qu’ils s’en font eux-mêmes. Il y en a même qui ont des comptes en Suisse. Tout finit par se savoir. Ça sent le Cacahuzac ». Si même les Bodin’s s’y mettent…
Aurore CHABAUD