« Nous sommes inquiets pour notre métier »

15 mai 2020

France 3 diffuse « 70 Ans de duos comiques », vendredi 15 mai à 21 h 05. Cette compilation de sketchs hilarants illustre le succès des binômes qui se sont imposés sur la planète humour, dont celui formé par Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet.


La crise sanitaire liée au Covid-19 a mis violemment à l’arrêt le monde du spectacle. À l’occasion de la diffusion du documentaire de France 3, les Bodin’s, les deux humoristes les plus explosifs de la campagne se confient sans langue de bois sur leur avenir. Entretien.

Jean-Christian Fraiscinet, dans la peau de Christian, et Vincent Dubois, dans celle de sa mère, Maria Bodin, sont au menu du documentaire "70 Ans de duos comiques" sur France 3.

Quels ingrédients un duo doit-il réunir afin qu’il soit savoureux ?

Vincent Dubois : En général, pour qu’ils fassent rire les spectateurs, ces couples se composent d’un bourreau et d’une victime, à l’image de celui formé par Bourvil et Louis de Funès. Pour les Bodin’s, Maria est une dame rock’n roll au caractère incroyable qui peut tout se permettre. Quant à Christian, son fils, c’est le couillon de service qui a gardé sa naïveté d’enfant.

Comment votre duo s’est-il formé ?

Jean-Christian Fraiscinet : Lorsque nous nous sommes rencontrés, Maria, le personnage de Vincent, existait depuis cinq ans. Nous nous sommes orientés très vite vers le personnage du fils, car nous y trouvions de nombreux ressorts pour la comédie et l’émotion. C’est ainsi qu’est né Christian, mon personnage un peu maladroit et qui n’a ni inventé l’eau chaude ni le vaccin contre le Covid-19.

À ce propos, les salles de spectacle sont fermées en raison de la crise sanitaire. Vous remplissez de nombreux Zénith chaque année. Les Bodin’s sont-ils en péril ?

J.-C. F. : Pour le moment, non. Mais j’avoue que nous sommes inquiets pour notre métier, car il consiste à réunir des spectateurs dans une salle. Or, si nous pouvons accueillir seulement la moitié du public pour respecter la distanciation physique, ce ne sera économiquement pas possible pour notre spectacle Grandeur Nature, qui mobilise notamment 10 semi-remorques. Nous ne pourrons reprendre notre tournée en décembre prochain que si nous jouons dans des conditions normales.

V.D. : Franchement, nous ne sommes pas les plus à plaindre, même si cette situation nous touche directement et de plein fouet. Nous avons suspendu le tournage de notre troisième long-métrage en Thaïlande et tiré un trait sur notre spectacle d’été, que nous jouons dans notre ferme, à Descartes (Indre-et-Loire) depuis 2005.

C’est un vrai moment de récréation sur nos terres, et l’annuler a été un vrai deuil, ça a été très difficile… Mais, la priorité, c’est la santé de notre public et de notre équipe. Si par malheur un foyer épidémique se déclarait chez nous, nous ne dormirions pas pendant quelques années. Après, nous espérons évidemment que les salles de spectacle vont rouvrir. À notre manière, nous sommes des aides-soignants, car les spectateurs ont besoin de se marrer, d’oublier leurs soucis et de s’évader.