Un duo né sur une scène des cîmes

La Voix du Nord

2 mars 2010

La Voix du Nord

Avec son complice Jean-Christian Fraiscinet, Vincent Dubois jouera samedi à Lille ...


Une des dernières représentations de Bienvenue à la capitale, l’une des aventures des Bodin’s, mère et fils.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

« Dans un festival, en 1994, à Villard-de-Lans. À l’époque, je faisais la Maria Bodin en solo ; Jean-Christian était en duo avec Hervé Devolder. On s’est aperçu qu’on venait de la même région, qu’on avait eu un peu la même enfance à la campagne, au milieu de ces gens qui ont le bon sens du terroir. De là est née notre complicité, notre envie d’écrire. On s’est vite rendu compte que ça fonctionnait. »

Maria existait donc, comment est né le second personnage ?

« Lors de ce même festival, les organisateurs offraient la possibilité aux troupes de se mélanger. Il fallait écrire une scène de vingt minutes avec du jeu d’acteur, de la musique et de la varappe, puisqu’on était à la montagne. On a imaginé la rencontre de Maria Bodin et d’un copain en randonnée VTT avec le club du 3e âge. Ça a été notre première collaboration, un petit clin d’oeil pour s’amuser. On a décidé ensuite de se retrouver - on habite tous les deux dans la région Centre, à 80 km l’un de l’autre -, et là on est arrivé, après avoir travaillé à la table, à la conclusion que le couple papy-mamie, on en aurait assez vite fait le tour, que ça serait plus riche de fabriquer un fils à la Maria, un vieux garçon qui serait resté dans les jupons de sa mère. »

Vous donnez les dernières représentations de « Bienvenue à la capitale ». Comment allez-vous vous sentir quand ça sera fini ?

« C’est toujours un petit deuil, de laisser un spectacle qui cartonne comme ça, que les gens aiment beaucoup. Mais en même temps, l’excitation de la création guérit ce deuil-là. On a toujours très envie d’écrire d’autres aventures aux Bodin’s. Il n’empêche que c’est une pression, parce qu’on se demande toujours, quand on attaque la feuille blanche, si on va arriver à faire la même chose, aussi bien, voire mieux. »

Vous avez réuni plus de 300 000 spectateurs avec les trois spectacles, sans compter le film et le DVD. Ça donne le vertige ?

« Un vertige agréable alors, comme une ivresse qu’on a envie de faire durer. On n’est pas arrivé là en sortant de la Star Ac, du jour au lendemain. Ça fait une vingtaine d’années, on a commencé par des petites salles des fêtes, des restaurants, des bistrots, des rendez-vous de chasse, enfin tout ce qui fait qu’on apprend ce métier sur le terrain. Et puis là, on est en train de remplir des Zénith, de faire des dédicaces entre Mylène Farmer et Yannick Noah sur les livres d’or. Ça nous touche, ça nous fait plaisir, mais on garde en tête que c’est le public qui nous a amenés là où on est, et que si on veut que ça dure on doit continuer à bien travailler et à ne pas trahir ce pour quoi les gens nous aiment. Le but ultime n’est pas de faire rire, c’est de faire rire avec des choses qui appartiennent à nos personnages. »

Le public rit-il aux mêmes endroits, que vous soyez en ville ou à la campagne ?

« On s’est aperçu qu’il y a des valeurs sûres dans le spectacle, qui le ponctuent de rires et lui donnent son rythme. Avec Jean-Christian, on a travaillé justement à universaliser, à faire en sorte que ça ne marche pas mieux à la campagne qu’en ville. On a joué à Paris pendant une saison entière au palais des glaces, on a écrit ce spectacle aussi en pensant que ça ne devait pas être régional, régionaliste. » Faire l’acteur, normalement, ça permet de séduire les filles.


Comment ça marche quand on est dans la peau de Maria Bodin ?

« C’est sûr, c’est pas l’idéal pour draguer ! Mais on a pris le parti de lever le voile, à la fin de chaque spectacle. Alors, quand je me redresse et que je quitte le maquil-lage de Maria, les gens me trouvent assez beau. Même si j’avais une tronche de cake, je pourrais passer pour un joli garçon derrière Maria Bodin. C’est assez pratique, dans le fond ! » •

PROPOS RECUEILLIS PAR C. P.