« on nous dit que notre spectacle devrait être remboursé par la Sécu »

La Voix du Nord

11 février 2015

La Voix du Nord

Le duo des Bodin’s est sur la scène du théâtre Jean-Ferrat, le vendredi 13 février, à 20 h 30 sonnantes, avec son sixième spectacle qui fait un triomphe, Retour au pays. Rencontre avec Vincent Dubois alias Maria Bodin.


La Voix : Vous êtes sur la scène du théâtre Jean-Ferrat, en zone rurale dans l’Avesnois. Votre sixième spectacle de la saga Bodin’s prend-il une résonance particulière dans le bocage ?

VD : C’est vrai que nos personnages sont issus de la campagne. Mais même dans les villes, y’a pas mal de ruraux. Des gens à qui les Bodin’s parlent. Les Bodin’s, ce sont des personnages universels. On fait en sorte de traiter de tous les thèmes, de la ruralité, de la modernité, de la politique. Et ça touche tout le monde.

La Voix : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la ruralité ?

VD : On traite un peu ça à la façon des Brèves de comptoir. Les Bodin’s, ce sont des gens de la terre. On défend l’idée que ce sont des petites gens, pleins de bon sens quand ils réagissent à l’actualité, la modernité. Ils reviennent à des choses qu’on a un peu oublié et c’est dommage.

La Voix : Comment est né le personnage de Maria Bodin ?

VD : Au départ, le personnage de Maria est né au milieu d’un tour de chant puisque j’étais guitariste et chanteur dans un cabaret. Et puis j’ai fait parler les gens que j’avais croisés quand j’étais enfant en Touraine. Après, il y a eu la rencontre avec Jean-Christian Fraiscinet qui joue le fils Bodin, une sorte de Tanguy des campagnes.

La Voix : Quels sont les ingrédients de votre réussite ?

VD : Les gens nous disent que notre spectacle devrait être remboursé par la Sécurité sociale. C’est vrai qu’en période de crise, quand les gens sont angoissés par ce qui les entoure, les humoristes sont des aide-soignants. Ce n’est pas tout à fait un hasard si, dans leur malheur, les dessinateurs de Charlie Hebdo ont fait bouger la France. À l’époque, Coluche qui avait fait bouger les choses avec les Restos du cœur. On s’aperçoit que nos chefs d’État qui se disent des gens sérieux arrivent pas mieux que les autres à faire des choses sérieuses.

La Voix : Votre sketch Face de Bouc a fait un tabac sur Youtube...

VD : Ce sont les secrétaires de notre production au Palais des glaces à Paris qui ont eu l’idée de poster la vidéo. Au bout d’une semaine, on s’est aperçu du succès. On l’a pas véritablement calculé. Ce genre de succès, quand on cherche à le faire, on le fait pas. Ce sketch touche toutes les générations. Les anciens qui pensent comme Maria que Face de Bouc, c’est bizarre, que ça éloigne plus les gens que ça les rapproche. Et les jeunes et les ados aussi.

La Voix : Sur ce même site Internet, vous avez lancé dernièrement la Conférence de presse des Bodin’s. De quoi il retourne exactement ?

VD : Ce sont des modules courts. Les gens aiment bien avoir des rendez-vous réguliers sur le Net. On a eu l’idée de traiter l’actualité par des petites conférences de presse. Souvent, on se maquillait une heure avant le spectacle dans la loge et on enregistrait. On a eu de très bons échos.

La Voix : Un peu Vamp, un peu Deschiens, Maria Bodin n’a pas sa langue dans sa poche. Son humour est-il la politesse ou la tendresse de son désespoir ?

VD : Je trouve que c’est plus de la tendresse. Les anciens ont envie de faire profiter les générations qui viennent de leur expérience. Elle dit par exemple qu’il vaut mieux remonter ses manches que de baisser son froc. On se défend de la ressemblance avec les Vamps. Ce sont des copines. On se sent plus proches des Deschiens.

La Voix : Votre film « Mariage chez les Bodin’s », sorti en 2008 a été le deuxième film français le plus rentable après « Bienvenue chez les Chtis ». Y’aura t-il un troisième opus ?

VD : Oui, on est beaucoup sollicités. C’est vrai qu’avec Jean-Christian, notre priorité va à la scène. C’est là qu’est notre préférence du métier. Maintenant, c’était tellement excitant cette aventure au cinéma et ça a tellement bien marché, qu’on est prêts à faire un troisième film dans deux ou trois ans.

La Voix : Vous préparez « Un truc de malade », un projet ambitieux. Qu’en est-il ?

VD : On a chaque année depuis dix ans, en Touraine, un spectacle de plein air qui s’appelle, « Les Bodin’s grandeur nature », qui se joue dans une ferme pendant un mois avec une dizaine de comédiens. On installe un gradin dans la cour. C’est plein d’une année sur l’autre. Et pour les 10 ans de ce spectacle on a décidé d’en faire une version pour les grandes salles. On va faire 80 Zéniths en France. On va partir avec dix semi-remorques avec les animaux, les machines, les comédiens. On sera plusieurs jours dans la même salle puisque ça va être une grosse installation de reproduire la ferme grandeur nature. Et ça va être une belle aventure artistique et humaine.