Les Bodin’s labourent les fonds de terroir
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En toute logique, c’est la mémé qui devait être au lit. L’horizontalité vertébrale de la Maria Bodin ne doit pas être idéale pour les lombaires de Vincent Dubois, celui qui porte son fichu. C’est donc lui qui a récolté une « lombalgie aiguë », entraînant le report de plusieurs spectacles des Bodin’s à l’automne 2018. Un bon massage à la gnôle locale et ça devrait repartir. Les Bodin’s sont déjà programmés jusqu’en 2020 et à Tours en 2019 !
Quand un artiste de province arrive à la capitale, il a vite fait d’enlever la paille de ses chaussures pour arpenter les tapis rouges parisiens du succès. Quand on s’appelle Les Bodin’s, non seulement on garde la paille (et les sabots) mais on emporte sa ferme en tournée. Les paysans sont attachés à leur terroir, et c’est lui que Les Bodin’s labourent depuis un bon quart de siècle.
Chez les Tourangeaux, ils viennent en voisins. Les Bodin’s sont « nés » à Descartes et restent fidèles à la ferme des Souchons, où ils donnent régulièrement (à guichet fermé) leur spectacle, Grandeur Nature. Un titre qui ne mérite jamais mieux son nom que là, entre veaux, vaches, cochons et couvées.
Un Solex et la gloire
On n’a plus besoin de présenter « la » Maria Bodin (qui a démarré sur les planches parisiennes en solo avant d’accoucher de son fils) et Christian Jean-Christian Fraiscinet, son gamin plutôt « couillon » (« Le jour où les cons auront du flair, tu vas trouver des truffes… » dit Maria). Ils ne peuvent plus enfourcher leur Solex sans remplir les salles. En 2012, leur producteur disait : « Pour l’instant, nous gardons les théâtres de 800 à 1 000 places. En 2014, avec le prochain spectacle, nous passerons à l’échelle des Zéniths. Inutile de bousculer les choses. Nous travaillons sur le long terme. » (Le Maine Libre).
Aujourd’hui, on fait le plein au moins un an à l’avance pour des salles qui s’appellent Zénith (de Paris) aussi bien que Parc Expo de la Rochelle. Et pourtant, ils sont programmés jusqu’en 2020, ce qui veut dire qu’il faudra ne pas se louper pour les voir durant les quatre jours où ils construiront leur ferme sous le Grand Hall du Parc Expo de Tours, du 19 au 22 décembre… 2019 !
En avant, doucement
Le producteur prudent, c’est Claude Cyndecki, alias « Coco » pour ceux qui ont suivi sa carrière. Au commencement, il a accompagné Les Bodin’s dans les petites salles de la région tourangelle. Un spectacle quasi local, familial, bon enfant, et dont l’empreinte « bouseux » semblait le confiner aux salles polyvalentes des villages du coin.
Vingt-cinq ans plus tard, Claude Cyndecki, le boss de Cheyenne Productions, programme des pointures comme Anne Roumanoff, Frank Dubosc ou Julien Clerc. Entre – beaucoup – d’autres. Et Les Bodin’s, donc. Il fallait avoir le nez fin pour aller les renifler dans les odeurs de lisier mais, après tout, on a le droit d’aimer l’air de la campagne.
Au début, Les Bodin’s se baladaient avec une valise (en carton) et quelques accessoires. Aujourd’hui, ils embarquent des semi-remorques et une flopée de partenaires, au sein desquels il convient de ne pas oublier Ratatouille (le chien), Macron (le coq), Brigitte (la chèvre) ou Jean-Marie (le cochon).
À l’heure où nous écrivons, c’est Grandeur Nature qui est à l’affiche, un spectacle où l’on croise une parisienne trop délurée, punie par un séjour campagnard chez les Bodin. Mais le duo infernal a aussi dans ses cartons un Retour au pays (placée en maison de retraite, Maria lègue sa ferme à Christian, marié, père de famille et désormais parisien) qui pourrait bien prendre la place du précédent. Promis, on suivra la question de près. À Entrée du Public, on a les bottes pour ça…